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ESSAI SUR LES ASPECTS JURIDIQUES DES RELIGIONS CHRƒTIENNES EN CHINE

Par 
 

Daniel Arthur Laprs

Paris, janvier 2005 ­ Tous droits dĠauteur rŽservŽs

 

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PLAN

 

 

1. - Introduction 
 

 

2. ­ Les origines de la chrŽtientŽ en Chine

 

3. ­ La chrŽtientŽ en Chine moderne

3.1 - La RŽpublique

3.2. - La RŽvolution Communiste

 

4. - LĠencadrement des religions chrŽtiennes

4.1. - LĠencadrement gŽnŽral de la religion

4.2. - La situation des Catholiques

4.2.1. - LĠŽpoque de Mao Zedong

4.2.2. - La rŽforme et lĠouverture sous Deng Xiaoping

4.3. - La situation des Protestants

 

5. ­ Conclusion 
 

 

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SYNTHESE

Alors que la rŽforme constitutionnelle du 15 mars 2004 engageant lĠEtat ˆ respecter et ˆ protŽger les droits de lĠhomme promettait une amŽlioration du respect de la libertŽ de religion, le State Council a promulguŽ le 18 dŽcembre 2004 les Regulations on Religious Affairs (entrŽs en vigueur le premier mars 2005) qui ratifient le systme de contr™le existant. Le Rglement comporte 48 articles rŽpartis en 7 chapitres rŽgissant les entitŽs religieuses, les activitŽs religieuses, le personnel religieux et les biens religieux. Il rŽsulte d'un processus en cours depuis 6 ans et qui a impliquŽ une gamme d'autoritŽs et de personnes concernŽes. Tout en remplaant le rglement de 1994, il ne le modifie que peu. Surtout il prŽcise les conditions d'obtention d'une licence de construction de tout lieu d'activitŽs religieuses comportant des dŽmarches aux niveaux du comtŽ, de la ville et de la province.

Le SecrŽtaire d'Etat du Vatican, l'Archevque Giovanni Lajolo, a officiellement reprochŽ au nouveau rglement de violer la libertŽ de religion puisque Ç l'immatriculation des communautŽs religieuses ne peut pas tre considŽrŽe comme une condition prŽalable ˆ la jouissance de cette libertŽ È. Le pouvoir dĠapprouver lĠordination des prtres constitue un point dĠachoppement irrŽductible entre les autoritŽs communistes et lĠEglise catholique. 
 

 

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1. - Introduction

Le dŽfi que pose nŽcessairement la religion ˆ toute autoritŽ totalitaire est sŽculaire en Chine. LĠEmpereur, comme le Parti Communiste, en tant que sources de toute autoritŽ, dominent la religion. La libertŽ de religion se mesurant en indŽpendance de lĠautoritŽ Žtatique, la dialectique entre ces valeurs est radicalement conflictuelle.

Dans la Chine contemporaine, les religions chrŽtiennes posent un double dŽfi aux autoritŽs communistes qui, par principe, sĠopposent autant ˆ la constitution dĠorganisations rŽfractaires au niveau national quĠaux influences sur le territoire national dĠinstitutions politiques Žtrangres. Le r™le de lĠEglise catholique dans lĠŽclipse du communisme en Europe de lĠEst a marquŽ les esprits en Chine autant quĠailleurs et lĠimpossibilitŽ dĠorganiser une visite papale en Chine en est une manifestation concrte.

Contrairement ˆ une tendance quasi-universelle dĠadhŽsion religieuse, le peuple chinois, les hans, nĠest que trs minoritairement fidle ˆ des religions et la seule des religions ayant exercŽ une influence sur lĠhistoire chinoise ˆ tre dĠorigine nationale est le tao•sme. Les hans ne sont pas enclins ˆ adhŽrer ˆ une Ç foi È et les dŽbats dogmatiques les laissent le plus souvent indiffŽrents, ils sont suspicieux des rŽcits surnaturels.  Les rites ordonnent le comportement en sociŽtŽ selon des principes moraux et Žthiques.

Parmi les trois systmes de pensŽe ayant exercŽ une influence spŽcialement importante dans lĠhistoire de la Chine dynastique, soit le confucianisme, le tao•sme, et le bouddhisme, seul ce dernier a dŽveloppŽ une organisation assimilable ˆ une Žglise au sens occidental, mais jamais le bouddhisme, mme ˆ son apogŽe pendant la dynastie Tang, nĠa atteint lĠindŽpendance du contr™le Žtatique quĠont connu les Žglises chrŽtiennes en Occident.

Une particularitŽ du droit chinois consiste en lĠabsence de recours ˆ toute notion de divinitŽ pour en expliquer lĠorigine ou en justifier lĠapplication. La loi ne dŽcoulant dĠaucun prŽcepte religieux ou moral, elle correspond plut™t ˆ un outil dĠexploitation du pouvoir politique. Le gouvernement est inspirŽ des principes moraux confucŽens  et gagne lĠadhŽsion du peuple par son exemple dans leur application. LĠEmpereur, Ç Fils du Ciel È, rgle lĠordre social en harmonie avec lĠordre naturel immanent.

Episodiquement, les religions faisaient lĠobjet de brimades officielles.  A quelques reprises dans lĠhistoire chinoise, des mouvements dĠinspiration plus ou moins lointainement religieuses ont fait chanceler le pouvoir impŽrial. Les Turbans Jaunes ont renversŽ la dynastie Han et le Mouvement Tai Ping a conquis une part importante du territoire chinois au milieu du 19ime sicle.

Les contacts avec les religions Žtrangres remontent ˆ presque deux millŽnaires. CĠest alors que la Chine accueille les dŽlŽgations de diplomates Ç barbares È accompagnŽs par des marchands et des ecclŽsiastiques venant ˆ la capitale pour rendre hommage ˆ lĠEmpereur et lui remettre des offrandes. Les religions Žtrangres, et plus particulirement le bouddhisme, ont joui de traitements favorables surtout quand des souverains Žtrangers dominaient la Chine. Ainsi, les Žtrangers ont ŽtŽ particulirement bien accueillis par les Mongols (sĠagissant par exemple de Marco Polo) et par les empereurs Qing, en tout cas au dŽbut de la dynastie.

Dans lĠhistoire chinoise, les religions chrŽtiennes sont restŽes des mouvements marginaux sur le plan national tout en ayant une influence plus significative dans certaines rŽgions du pays, notamment dans le Hebei, le Fujian et le Guangdong.

 La conformitŽ de la rŽglementation chinoise avec le droit international est contestŽe. 
 

2. ­ Les origines de la chrŽtientŽ en Chine

La dynastie Tang la Chine Žtait au sommet du dŽveloppement Žconomique et culturel et exerait une grande force dĠattraction ˆ lĠŽtranger, attirant ˆ sa capitale Chang An (lĠactuelle Xian) plusieurs milliers de marchands et dĠaventuriers Žtrangers. Une ambassade perse a ŽtŽ ouverte en 638 et selon certaines sources une ambassade byzantine a ŽtŽ Žtablie en 643. En 631, il a ŽtŽ enregistrŽ lĠarrivŽe ˆ la Capitale du premier moine chrŽtien, A Lo Ben (aussi dit Reuben), missionnaire nestorien, secte dĠorigine syrienne qui sĠŽtait rŽpandue en Perse au cours des 5ime et 6ime sicles. LĠEmpereur Tai Zong a ŽtŽ favorablement impressionnŽ par ses exposŽs. En 638, lĠEmpereur a autorisŽ le prche de la Bible et la construction dĠŽglises chrŽtiennes. Une Žglise a ŽtŽ construite en 638 et la prŽsence nestorienne a perdurŽ au service essentiellement des Žtrangers dĠoriginaires dĠAsie Centrale. Un rŽcit des enseignements nestoriens a ŽtŽ inscrit sur un monument en 781 dans lĠŽglise nestorienne. Connue sous la dŽsignation Ç grands textes religieux des perses È, cette religion a connu des traitements diffŽrents selon lĠEmpereur qui Žtait sur le tr™ne.  Comprise dans la proscription des religions Žtrangres ŽdictŽes au cours des annŽes 842-845,  le culte nestorien a ŽtŽ ŽvacuŽ du territoire chinois parmi les peuples turcs et mongols. La foi nestorienne a refait surface en Chine avec lĠarrivŽe au pouvoir des mongols ˆ Yang Zhou et ˆ Hang Zhou mais sans laisser de traces durables.

Pendant la dynastie Yuan, la pax mongolia sĠŽtendant jusquĠen Occident, la sŽcuritŽ Žtait relativement assurŽe sur les routes dĠAsie Centrale et les missions intercontinentales se sont dŽveloppŽes. En 1229, les relais postaux ont ŽtŽ Žtendus de la Mongolie jusquĠˆ la vallŽe du Volga.

Le prochain moine chrŽtien ˆ fouler le sol de la capitale a ŽtŽ un franciscain italien, Giovanni dal Piano dei Carpini, qui avait ŽtŽ envoyŽ par le Pape Innocent IV pour convertir les mongols au catholicisme. Il est arrivŽ ˆ Karakorum en 1245 et y est restŽ jusquĠen 1247. Il a laissŽ une description du couronnement de lĠEmpereur Guyug Khan.

En 1253, au moment de la 6ime Croisade, Louis IX, Roi de France, ont envoyŽ un franciscain, William de Rubruck, pour conclure une alliance avec les mongols contre les turcs. Il a rencontrŽ le Khan Mongke. Le rŽcit quĠil a laissŽ de ses aventures a marquŽ le peuple europŽen dĠun stŽrŽotype durable concernant les chinois.

LĠEmpereur Kublai Khan a mandatŽ les marchands vŽnitiens les frres Maffeo et Niccolo Polo pour solliciter du Pape quĠil envoie en Chine une centaine dĠintellectuels mais ˆ leur retour en Chine en 1271, ils nĠavaient amenŽ que leur neveu Marco, dont les rŽcits de ses expŽriences plus ou moins apocryphes, ont marquŽ la perception gŽnŽrale de la Chine en Occident.  Marco Polo a rŽussi ˆ pŽnŽtrer la sociŽtŽ chinoise et lĠŽlite mongole en se sinisant. Au cours dĠune carrire longue de 25 ans en Chine, il a gagnŽ la confiance de lĠEmpereur qui lĠa nommŽ administrateur de la ville de Yang Zhou et qui lĠa envoyŽ en mission diplomatique en Asie du Sud-Est.

En 1294, un moine franciscain italien, Giovanni de Montecorvino, est parvenu jusquĠˆ la capitale de la Dynastie Mongol ˆ Khanbalik (proche de Beijing) o il a Žtabli une mission qui a survŽcu pendant un demi-sicle. Il a ŽtŽ dŽsignŽ Evque de Beijing par le Pape ClŽment V en 1307.  Mais ˆ sa mort en 1328, aucun successeur nĠy a apparu et au retrait des mongols chassŽs par les fondateurs de la Dynastie Ming, le catholicisme a disparu de la Chine.

 Aprs lĠinstauration de la dynastie Ming, la Chine a ŽtŽ fermŽe aux Žtrangers, du moins en thŽorie car le long des c™tes les Žchanges commerciaux se sont poursuivis dans la clandestinitŽ avec une telle ampleur que le pouvoir a finalement autorisŽ le Portugal ˆ Žtablir une mission ˆ Macao en 1577.

En 1582, le jŽsuite italien Mattei Ricci, est arrivŽ ˆ Macao. Aprs un an dĠapprentissage rŽussi du chinois, il a entamŽ une Žtude des classiques confucŽennes. Il portait la robe dĠun moine bouddhiste. Avec son compagnon, Michael Ruggieri, il a obtenu lĠautorisation de rŽsider ˆ Shaozhou en 1590. Ils ont recrutŽ ce que lĠhistoire reconna”t comme Žtant les premiers moines catholiques dĠorigine chinoise, soit Zhong Mongren et Huang Minsha. Ricci a pu dŽmŽnager ˆ Nanjing et finalement jusquĠˆ Beijing en 1601. Il semble y avoir dŽbat sur la question de savoir sĠil a ŽtŽ admis ˆ la Cour impŽriale, mais ses connaissances en astronomie ont fait forte impression et il a laissŽ une marque importante en se sinisant et en prchant un christianisme ˆ lĠintersection avec lĠŽthique confucŽenne.  Aprs sa mort en 1610, quelques jŽsuites et un groupe de leurs disciples chinois ont ŽtŽ chargŽs de la rŽforme et de lĠadministration du calendrier. Le Pre Adam Schall a servi de tuteur ˆ lĠEmpereur Shunzhi a ŽtŽ dŽsignŽ PrŽsident du Tribunal des MathŽmatiques et son successeur, le Pre Verbiest, aprs avoir dominŽ les astronomes chinois par ses connaissances a augmentŽ lĠinfluence des jŽsuites.  Il a assurŽ ce poste avant et aprs la transition entre les dynasties Ming et Qing et son influence en haut lieu lui a permis de nŽgocier la protection des missions par les manchous.  En 1652, la premire Žglise catholique a ŽtŽ ouverte ˆ Beijing.

Les Empereurs Ming ont entretenu des relations avec les ecclŽsiastiques Žtrangers parce quĠils avaient de lĠestime pour leur culture scientifique. Mais la foi chrŽtienne Žtait difficilement assimilable par les classes intellectuelles chinoises suspicieuses des aspects surnaturels de ses prŽceptes qui Žtaient ˆ leurs yeux susceptibles de tromper le peuple chinois. LĠidŽe par exemple dĠabandonner ses concubins paraissait cruelle aux yeux des mandarins.

Les jŽsuites ont dŽpeint la Chine en tons positifs mettant lĠaccent sur la tolŽrance religieuse, un service public privilŽgiant les connaissances et la compŽtence par le systme des concours nationaux. Cette reprŽsentation attira lĠintŽrt des intellectuels europŽens, dont Voltaire.

La premire Ç rŽpression È des chrŽtiens a ŽtŽ dŽcrŽtŽe en 1616 qui a ŽtŽ suivie dĠune seconde vague en 1622.

Ds 1640 a paru une premire collection dĠessais critiques du catholicisme. Le Pre Adam Schall a fait lĠobjet dĠune critique acerbe qui lui a valu dĠtre condamnŽ pour avoir complotŽ contre lĠEtat et pour avoir propagŽ des idŽes fausses parmi le peuple.

En 1645, le Pape Innocent X avait dŽnoncŽ les rites, mais en 1656 le Pape Alexandre VII les a autorisŽs.

Ainsi la prŽsence de lĠEglise a ŽtŽ maintenue par les disciples de Ricci et en 1674 le Pape ClŽment X a dŽsignŽ un Evque Administrateur Apostolique ˆ Nanjing comprenant les 5 provinces de Hebei, Henan, Shaanxi, Shandong et Shanxi, ainsi quĠˆ Gaoli. Le Saint-Sige a ds cette Žpoque donnŽ ˆ lĠEvque Luo lĠautoritŽ de dŽsigner son propre successeur. En 1688, cet Žvque, Luo Wenzao, a ordonnŽ trois prtres, dont le cŽlbre artiste-peintre Wu Yushan.

En 1689, lorsque lĠEmpereur Kang Xi nŽgociait avec la Russie le TraitŽ de Nerchinsk, il a ŽtŽ conseillŽ par un jŽsuite.

En reconnaissance pour leurs apports, lĠEmpereur Kang Xi a promulguŽ en 1692 un dŽcret de tolŽrance ouvrant la Chine au prosŽlytisme catholique. Les chinois avaient ds lors la libertŽ dĠadhŽrer ˆ lĠEglise catholique.

Les missions avaient ŽtŽ ouvertes par les jŽsuites sur tous les points de passage importants de Matteo Ricci entre Macao et Beijing. A la fin de la dynastie Ming, les jŽsuites avaient installŽ des missions dans presque toutes les provinces, avec des concentrations dans les provinces de Fujian et dans la rŽgion du bas du Chang Jiang. Le Fujian avait Žgalement ŽtŽ investi par les franciscains et les dominicains venus de Manille.

Mais les activitŽs de promotion de la religion catholique auprs du peuple chinois ont connu peu de succs. Les classes supŽrieures y voyaient in incomprŽhensible mŽlange de bouddhisme et dĠislam. Les ŽlŽments transcendantaux Žtaient rŽdhibitoires. La morale chrŽtienne contrariait les mÏurs chinoises ainsi que les rites. La propagation de telles idŽes parmi le peuple ne pouvait pas tre positive. En effet, la pŽnŽtration de la religion catholique dans la campagne sĠaccompagnait de son intŽgration de rites locaux, souvent bouddhistes ou ta™istes.  Au dŽbut du 18ime sicle, un missionnaire franais le Pre Louis le Comte a identifiŽ les meilleurs moyens pour convertir le peuple :

- Ç les histoires et le paraboles,- lĠattribution de grande importance aux ornements, aux processions, aux chants, au son des cloches et aux cŽrŽmonies,- le respect des images , mŽdailles, eau bŽnite,- la concentration sur lĠŽducation des jeunes È.

Puis, les querelles entre moines chrŽtiens autour de ladite Ç Controverse concernant les rites chinois È a lassŽ lĠEmpereur. Ricci et ses successeurs jŽsuites avaient adhŽrŽ ˆ la compatibilitŽ de la foi chrŽtienne avec les rites confucŽens ds lors que ces derniers Žtaient considŽrŽs comme dŽpourvus de signification religieuse tout en vŽhiculant le respect et la piŽtŽ filiale, par ailleurs vertus chrŽtiennes.  Par contre, les dominicains et les franciscains y voyaient une contradiction irrŽductible. Pendant lĠInquisition, lĠouverture dĠesprit des jŽsuites a ŽtŽ battue en brche et en 1733, lĠOrdre a ŽtŽ dissout par le Pape ClŽment XIV.

Le Pape a envoyŽ ˆ la Cour de Kang Xi un DŽlŽguŽ, Charles Maillard de Tournon, pour dŽnoncer les rites et pour imposer lĠautoritŽ du Pape sur les chinois chrŽtiens et les missionnaires. LĠEmpereur lĠa reu et a officiellement rŽpondu en niant que les rites dĠhommage aux anctres pouvaient tre assimilŽs ˆ lĠidol‰trie.

LĠEmpereur Kang Xi a dŽniŽ au Pape toute ŽgalitŽ avec lui et lui refusa tout droit de mener les chrŽtiens chinois.

En 1706, lĠEmpereur Kang Xi a ordonnŽ que tous les missionnaires acceptent la formule de rŽconciliation entre la foi et les rites proposŽe jadis par les jŽsuites et ils devaient sĠengager ˆ rester dŽfinitivement en Chine. Finalement, en 1715, le Pape ClŽment XI a publiŽ une lettre Encyclique intitulŽe Illa Die interdisant les rites pour cause de paganisme et dĠidol‰trie.

Dans ces conditions, lĠEmpereur Yong Zheng a ŽtŽ amenŽ par ses conseillers confucŽens ˆ dŽclarer le catholicisme une religion Ç hŽtŽrodoxe È en 1724 et les jŽsuites ont ŽtŽ cantonnŽs ˆ Beijing.  Pourtant ils ont ensuite rŽussi ˆ maintenir leurs relations avec les plus hautes sphres de lĠEmpire gr‰ce ˆ leurs connaissances scientifiques pendant tout le 18ime sicle.

Le rgne de lĠEmpereur Yong Zheng nĠa pas ŽtŽ propice pour le catholicisme. Les princes manchous qui sĠŽtaient convertis ont subi des brimades.

En 1742, le Pape a condamnŽ toutes formes de participation aux rites.

Ensuite les chrŽtiens ont ŽtŽ visŽs par des restrictions et des persŽcutions jusquĠau milieu du 19ime sicle. Dans lĠopinion populaire, la chrŽtientŽ avait une rŽputation controversŽe. Des pamphlets dŽnonaient les chrŽtiens rendre hommage ˆ une personne ayant subi le ch‰timent suprme, de comploter avec les japonais contre la Chine, de crŽer des associations secrtes de pratiquer lĠalchimie.

Mais les contributions culturelles des jŽsuites Žtrangers et aussi de certains des chinois convertis ont ŽtŽ trs importantes.  Les domaines o leur excellence a apportŽ le plus ˆ la Chine ont ŽtŽ les mathŽmatiques, lĠastronomie, la cartographie, la gŽologie. Ils Žtaient apprŽciŽs aussi pour leurs dons en musique et en peinture. Les artistes-peintres jŽsuites ont inspirŽ le style architectural du Palais dĠŽtŽ ˆ Beijing de lĠEmpereur Qian Long et ils ont dŽcorŽ ses salles de leurs tableaux.

Au cours du 17ime sicle, les missionnaires Žtaient originaires surtout de lĠItalie, de lĠEspagne, du Portugal, de lĠAllemagne, de la France, et mme de lĠEurope Centrale. Au cours du 18ime sicle, les prtres franais ont augmentŽ leur reprŽsentation bŽnŽficiant dĠun soutien renforcŽ de Louis XIV favorisant les jŽsuites et de Kang Xi.

Mme si lĠEmpereur Qian Long a entretenu des relations cordiales avec les missionnaires sur le plan professionnel et a engagŽ les services de plusieurs artistes tels que Joseph Castiglione et Denis Attiret, les activitŽs de prosŽlytisme restrent proscrites pendant tout le 18ime sicle. Il semble quĠil exist‰t toujours une activitŽ chrŽtienne souterraine animŽe en partie par des prtres Žtrangers clandestins  et ainsi un colloque de prtres catholiques dans la Province du Sichuan a mme attirŽ une manifestation explicite dĠapprobation par le Pape Pie VII.

La conjugaison de la dissolution de lĠOrdre de JŽsus et de la disparition de lĠEmpereur Qian Long a signalŽ la fin dĠune re de la chrŽtientŽ en Chine.

DŽsormais le r™le des missionnaires en Chien se transformera et le point focal de lĠintŽrt dŽlaissera les hautes sphres de la sociŽtŽ chinoise.

LĠopinion europŽenne a virŽ au nŽgatif quand les valeurs de libertŽ et progrs ont pris lĠascendant sous les plumes de Montesquieu, de Rousseau et de Hegel qui ont considŽrŽ la Chine comme infŽrieure ˆ ces Žgards.

Le premier clerc protestant est arrivŽ en Chine en 1807 mais il nĠa rŽussi sa premire conversion que 7 ans plus tard. Quelques autres prŽdicateurs sĠy sont Žtablis au cours des dŽcennies suivantes en provenance des Etats-Unis et de lĠEurope. Mais leurs rŽsultats nĠŽtaient gure significatifs. Les missionnaires amŽricains sont arrivŽs ˆ partir des annŽes 1830s. Les premiers missionnaires mŽdecins ont ŽtŽ protestants et leurs missions se sont attachŽes ˆ rŽpondre aux besoins de services sociaux.

A lĠissue de la guerre livrŽe par les pays occidentaux, et en particulier lĠAngleterre, ˆ partir de 1840 pour ouvrir la Chine ˆ lĠimportation de lĠopium (provenant de lĠInde qui Žtait Žgalement sous lĠEmpire Britannique ˆ lĠŽpoque), le TraitŽ de Nanjing a ŽtŽ signŽ en 1842 qui a ouvert 5 ports au sud-est de la Chine.

Entre-temps, les guerres aux frontires ˆ lĠouest avaient ruinŽ lĠEtat chinois et les religions Žtrangres ont de nouveau ŽtŽ prises pour cible. Elles ont ŽtŽ bannies en 1843 et lĠensemble des capitaux Žtrangers confisquŽs.

Les puissances coloniales ont forcŽ la rŽouverture de la Chine au prosŽlytisme chrŽtien. En 1844 et 1846, la France a obtenu lĠŽmission de deux dŽcrets impŽriaux prŽvoyant une tolŽrance limitŽe du catholicisme et autorisant les jŽsuites ˆ se rŽtablir dans les environs de Shanghai. La France a dŽclarŽ un protectorat des missions catholiques.

En 1846, lĠEmpereur Dao Guang, a annulŽ lĠinterdiction des activitŽs missionnaires, dont nombre de prŽdicateurs ŽvangŽlistes. A la diffŽrence de leurs prŽdŽcesseurs jŽsuites ayant pratiquŽ les hautes sphres de la sociŽtŽ chinoise, ces nouveaux arrivants visaient davantage les milieux ruraux et les classes dŽfavorisŽes.

Selon le TraitŽ de Tianjin conclu en 1858 avec la France, les prtres catholiques ont obtenu la libertŽ de prcher partout dans lĠEmpire et les chinois ont ŽtŽ autorisŽs ˆ pratiquer la chrŽtientŽ.

La relance de lĠactivitŽ missionnaire a portŽ ses fruits au cours des dŽcennies suivantes. La population catholique qui est estimŽe comme ayant correspondu ˆ quelque 240.000 fidles en 1844 a ŽtŽ triplŽ avant la fin du sicle et encore doublŽe jusquĠen 1912. La population protestante est passŽe de 350 en  en 1853, ˆ 37.000 en 1889 et 250.000 en 1914.

En 1848, un hakka originaire du sud de la Chine, Hong Xiu Quan, qui avait ŽchouŽ aux concours locaux dĠentrŽe ˆ la fonction publique, a lancŽ une rŽbellion des misŽrables en sĠinspirant en partie de rŽfŽrences empruntŽes ˆ un missionnaire protestant. Il interprŽtait ses visions comme signifiant quĠil Žtait le Ç cadet du Christ È, et en instaurant son royaume rebelle ˆ la dynastie manchoue et aux Žtrangers, il lĠa dŽsignŽ Ç Tai Ping È, soit la  Paix Suprme. En 1850, il avait rassemblŽ 20.000 partisans et lĠannŽe suivante, il a promulguŽ lĠinstauration de son royaume dans sa base dans le Guangxi.

Hong Xiu Quan Žtait ŽpaulŽ par un paysan et un bržleur de charbon ayant Žgalement eu des visions. Le mouvement pr™nait entre autres idŽes quĠil a pu au moins partiellement mettre en Ïuvre : lĠŽgalitŽ des sexes, la redistribution des terres, lĠŽlimination de la prostitution, de lĠopium, du tabac et du jeu, lĠarrt du bris des pieds des filles, la fin du concubinage, lĠoccidentalisation du rŽgime constitutionnel et administratif.

Mouvement ˆ lĠidŽologie iconoclaste promue par un illuminŽ, il repoussait toutes les catŽgories les plus importantes pour Žtablir un rŽgime durable tout en attirant les masses populaires. MonothŽiste, autocratique, despotique, fanatique, militariste, ascŽtique (en tout cas au dŽpart), Žgalitaire, il ne plaisait ni aux manchous, ni aux confucŽens, ni aux nobles terriens, ni aux puissances coloniales, ni aux catholiques, ni aux protestants orthodoxes. Hong a promulguŽ le Ç Tai Ping Tian Guo È (le Royaume CŽleste de Grande Paix). En 1852, Hanzhou est tombŽ ˆ la vague Tai Ping. Aprs la prise de Nanjing en 1853, les partisans Tai Ping ont massacrŽ tous les combattants manchous survivants ainsi que tous les autres manchous, hommes femmes et enfants.

Une expŽdition Tai Ping vers le nord a failli conquŽrir Beijing en 1853. Une lutte interne a entra”nŽ en 1856 la disparition dĠune branche du triumvirat dirigeant mais le mouvement a repris son Žlan et a failli conquŽrir Shanghai en 1862. La pendule allait alors osciller en sens inverse et Nanjing fut perdu par les Tai Pings en 1864 ˆ des forces soutenues par la noblesse et les anglais. Hong Xiu Quan se suicida. Sur son parcours, 20 millions de personnes ont ŽtŽ tuŽes, le sanguinaire Hong Xiu Quan ayant ordonnŽ le massacre de populations entires.

La trace de la chrŽtientŽ laissŽe sur le collectif chinois par les Tai Pings, les missionnaires chrŽtiens et leurs souteneurs colonialistes a ŽtŽ trs nŽgative.

A partir des annŽes 1860s, les attaques contre les missions chrŽtiennes sont devenus de plus en plus frŽquentes et dangereuses. Des incidents violents ont eu lieu ˆ Nanchang en 1862, ˆ Yangzhou en 1868, ˆ Tianjin en 1870 (19 Žtrangers ont ŽtŽ tuŽs et 18 des agresseurs chinois ont ŽtŽ exŽcutŽs).

En 1875, lĠEmpereur a cherchŽ ˆ Žtablir des relations diplomatiques avec le Vatican mais la tentative aurait ŽtŽ sabotŽe par la France.

 Le meurtre en 1897 de deux missionnaires catholiques allemandes a servi de prŽtexte ˆ la saisie par lĠAllemagne de la Baie de Jiazhou et de la Ville de Qingdao et a dŽclenchŽ un nouveau round de demandes de concession par les puissances coloniales.  Cette rŽgion industrielle de Shandong avait ŽtŽ particulirement touchŽe par les importations de textiles. Ces mouvements de rŽaction populaire contre les Žtrangers ont souvent ŽtŽ cautionnŽs et mme encouragŽs par les autoritŽs et les classes supŽrieures.

Le groupe rŽputŽ responsable des morts des missionnaires allemandes, la SociŽtŽ de la Grande EpŽe, a ŽtŽ engagŽe par le Gouverneur de Shandong pour lutter contre les bandits. Mais les partisans sĠen sont pris aux missionnaires chrŽtiens. Le Tr™ne impŽrial sĠaccommodait des puissances Žtrangres tout en sĠarrangeant avec les mouvements populaires.

 A cette Žpoque est nŽ le mouvement des Ç Boxeurs È, dont la devise Žtait Ç Soutenir Qin, dŽtruire la religion Žtrangre È, une rŽbellion a ŽtŽ lancŽe par un groupe de nationalistes rŽactionnaires, appelŽs les Ç Boxeurs È par les occidentaux ˆ cause de leur prŽdilection pour une forme de boxe.  Dans la Chine intŽrieure, les missionnaires Žtaient les seules cibles pour leurs exactions et un certain nombre a ŽtŽ tuŽ donnant lieu ˆ des reprŽsailles par les forces europŽennes qui ont fait exŽcuter des centaines de chinois.

 En 1898, lĠImpŽratrice RŽgente a Žmis deux arrtŽs exigeant que les missionnaires soient protŽgŽs, mais lĠannŽe suivante elle en a prononcŽ un autre demandant que soient distinguŽs les Ç bandits È et Ç les citoyens respectueux de la loi qui pratiquent les arts martiaux pour leur protection et celle de leurs familles È. Le mouvement Boxeur sĠest amplifiŽ au cours de lĠannŽe 1900 gagnant toute la province de Zhili et se rapprochaient de Beijing et de Tianjin. Les conflits entre les Boxeurs et les chrŽtiens chinois ont pris de lĠampleur. Les reprŽsailles prŽvisibles des puissances coloniales ont consistŽ en la saisie des forts dĠo Žtait contr™lŽ lĠaccs ˆ Tianjin. En juin 1900 le Tr™ne impŽrial a prononcŽ  une Ç dŽclaration de guerre È et appelant ˆ la rŽsistance aux Žtrangers. Dans le Shanxi, le Gouverneur a personnellement assistŽ ˆ lĠexŽcution de 44 missionnaires et de leurs familles. Les missions consulaires et la cathŽdrale catholique ˆ Beijing ont ŽtŽ assiŽgŽes pendant 55 jours. Aprs que les forces Žtrangres ont levŽ le sige, Beijing a ŽtŽ pillŽ. En septembre 1901, la Chine a acceptŽ de faire exŽcuter le Gouverneur de Shanxi et une dizaine dĠautres mandarins.  Finalement, les craintes que le mouvement puisse emporter dans son sillage la dynastie elle-mme ont incitŽ le pouvoir ˆ mandater Yuan Shikai pour annihiler les Boxeurs.

 A la fin du 19ime sicle, on recensait en Chine quelque 750 prtres catholiques Žtrangers, 450 prtres catholiques chinois, et 500.000 fidles. Les clercs protestants totalisaient 1.3000 dont des amŽricains, des britanniques et des canadiens domiciliŽs dans 500 postes dans 350 villes chinoises. Mais il nĠy avait que quelque 100.000 protestants dĠorigine chinoise mais le nombre de fidles croissait ˆ un taux ŽlevŽ.

 En 1914, on recensait 5.000 missionnaires Žtrangers, dont 70% protestants, rŽpartis dans toutes les provinces chinoises, qui avaient fondŽ au moins 250 missions mŽdicales et quelque 2.000 Žcoles.

A lĠaube du 20ime sicle, la chrŽtientŽ gagnait en fidles et ses ecclŽsiastiques avaient certainement fait des apports significatifs aux Žchanges culturels sino-occidentaux. Mais lĠimage de la religion nĠŽtait pas bonne. La religion chrŽtienne elle-mme avec son gožt du surnaturel et du mystique ne pouvait plaire ˆ la grande masse des chinois, encore moins que le bouddhisme ou le ta™isme. Le mouvement Tai Ping avait marquŽ la mŽmoire collective des dŽrives du protestantisme. LĠopposition entre les missionnaires protestants et les nobles confucŽens sĠengageait sur les plans sociaux, culturels, moraux et politiques.  Pour les intellectuels convertis au christianisme, sa force dĠattraction tenait ˆ son association avec le progrs Žconomique et scientifique, et la dŽmocratie. 
 

3. ­ La chrŽtientŽ en Chine moderne

 Les religions chrŽtiennes ont connu les traitements les plus variŽs depuis le dŽbut du 20ime sicle.

 Le Pre de la RŽvolution qui a renversŽ l'Empire manchou en 1912 est Sun Yat Sen. NŽ en 1866 dans une famille de paysans pauvres dans la Province de Guangdong, il a ŽtŽ amenŽ alors qu'il Žtait encore enfant ˆ Hawa• par des membres de sa famille travailleurs immigrŽs. Il a ŽtŽ ŽduquŽ dans des Žcoles de missionnaires. A 18 ans, il a ŽmigrŽ ˆ Hong Kong o il a poursuivi des Žtudes de mŽdecine. Il s'est converti ˆ la chrŽtientŽ et Žtait imprŽgnŽ d'influences occidentales.

 Mais Mao Zedong a fondŽ une rŽpublique de communisme intŽgriste relŽguant la religion au rang des contradictions mineures ˆ rŽsoudre par l'Žducation si possible et par la force quand nŽcessaire.

 SĠil y avait environ 2 millions de chrŽtiens au dŽbut du sicle dernier, dont environ les trois quarts au moins des catholiques, on en dŽnombrerait plus de 60 millions aujourdĠhui dont environ les trois quarts protestants.  RŽadmis en Chine au milieu du 19ime sicle avec la force des armes coloniales, les religions chrŽtiennes chinoises se sont surtout implantŽes en milieu rural et parmi les dŽlaissŽs.

 Ayant vŽcu en autarcie depuis un sicle, et ayant donc survŽcu ˆ de multiples sŽismes sociaux, ces communautŽs vivent une chrŽtientŽ plus mystique quĠintellectuelle. Les chrŽtiens en milieux ruraux pratiquent souvent une religion mŽlangŽe dĠallusions et de rites locaux, par exemple la Mre Eternelle du Lotus Blanc dĠinspiration bouddhiste en association avec la Vierge Marie.  Les chrŽtiens en milieu urbain vivent une expŽrience plus familire pour lĠobservateur occidental. Les fois chrŽtiennes en Chine nĠont pas encore affrontŽ les dŽfis de la modernitŽ : la richesse qui Žvite les soucis, la mŽdecine qui soulage la douleur, lĠŽducation qui cultive le doute, etc.

3.1. - La RŽpublique

 Il y avait selon certaines sources quelque 1.430.000 catholiques en Chine au moment de la RŽvolution chinoise de 1911, soit une multiplication par 9 du chiffre au dŽbut du sicle prŽcŽdent.

 Le christianisme nĠavait pŽnŽtrŽ que superficiellement les masses chinoises, mais jouissait de la faveur des sphres aux plus hauts niveaux de lĠEtat ; ainsi, Sun Yat Sen et Chiang Kai Shek, ainsi que leurs deux Žpouses-sÏurs Žtaient chrŽtiens, les sÏurs provenant dĠune famille de forte tradition mŽthodiste.

 Les efforts des Žglises chrŽtiennes dŽployŽs pour fournir des services sociaux (Žcoles, h™pitaux, hospices, sŽminaires, charitŽ, etc.) leur mŽritait une certaine faveur des autoritŽs et une mesure de faveur populaire. A titre dĠexemple, lĠInstitut de Fudan a ŽtŽ fondŽe en 1905 par lĠintellectuel catholique Ma Xiangbo qui a aussi largement contribuŽ ˆ lĠŽtablissement de lĠUniversitŽ Catholique Furen ˆ Beijing. Ces services intŽressaient aussi les nantis chinois, y compris les confucŽens, qui ont collaborŽ par exemple ˆ lĠŽtablissement du Young MenĠs Christian Association (YMCA) en Chine.  ConsidŽrant les taux abyssaux dĠalphabŽtisme populaire au 19ime sicle (entre 30- 45% pour les hommes et entre 2 et 10% pour les femmes), les apports par les communautŽs Žtrangres ne produisaient leurs effets quĠˆ la marge de la sociŽtŽ chinoise.

 Mais la propagation de la foi rencontrait de nombreux obstacles dont le ralliement des partisans du Mouvement du 4 mai au pragmatisme et ˆ la science ainsi et renouveau du confucianisme considŽrŽ par d'autres comme la quintessence de la culture chinoise.

 A cette Žpoque, le protestantisme attire lĠintŽrt des classes ŽduquŽes alors que les missionnaires catholiques se rapprochaient plut™t des communautŽs dans les villŽgiatures et la campagne.

 En 1921, le Pape Pie Xi a dŽsignŽ un premier Ambassadeur en Chine, l'Archevque Celso Costantini. Ce dernier a convoquŽ une rencontre en mai 1924 des prtres en Chine. Il y a ŽtŽ dŽcidŽ de dŽdier l'Eglise chinoise ˆ la Vierge Marie et d'Žtablir une douzaine de sŽminaires sur le territoire chinois. L'Eglise chinoise a encouragŽ l'utilisation du chinois dans les textes catŽchistiques et rituels. Au cours des annŽes 1920s et 1930s, l'Eglise s'est concentrŽe sur l'ouverture d'Žtablissement d'enseignement supŽrieur.

 En 1934, le Vatican a reconnu l'Empereur Pu Yi sous influence japonaise et a dŽsignŽ un Nonce Papal en Manchourie. L'Eglise s'est ainsi attirŽe les foudres de la population chinoise y compris ses la•ques et prtres autochtones.

 Les premiers efforts du Pape Pie XII aprs son investiture en 1939 ont visŽ et obtenu la rŽsiliation de l'interdiction des rites chinois.

 En fŽvrier 1946, le Vicaire Apostolique, Son ƒminence Tian Gengxin est devenu le premier cardinal ˆ tre dŽsignŽ en Asie Orientale. Le 11 avril de cette mme annŽe, le Pape a promulguŽ la division de la Chine en 20 provinces et 137 diocses.

 Selon certaines estimations, population catholique en  Chine correspondait en 1948 ˆ quelque 3.000.000.

3.2. - La RŽvolution Communiste

 Mao Zedong rejette explicitement toute vision mŽtaphysique du monde Žpousant plut™t la logique du dŽterminisme matŽrialiste. Le Parti Communiste est officiellement athŽe et l'accs y est interdit aux croyants en toute religion. Il est interdit aux membres de l'ArmŽe de LibŽration du Peuple de Ç participer ˆ toutes activitŽs religieuses ou superstitieuses È.

 En commun avec les confucŽens d'antan, les communistes chinois dŽdaignaient les religions qu'ils assimilaient ˆ des superstitions, leurs pratiquants ˆ des simples d'esprit et leurs prŽdicateurs ˆ des charlatans. S'agissant de religions vouant allŽgeance ˆ des chefs Žchappant au contr™le du Parti, que ce soient les bouddhistes tibŽtains suivant le Dalai Lama, ou les catholiques fidles au Pape, l'attitude des communistes est restŽe spŽcialement agressive.

 En mme temps, le Parti Communiste a traditionnellement dŽfendu la libertŽ de religion. Ainsi ds l'instauration d'un gouvernement communiste ˆ Ruijin dans la Province de Jiangxi au dŽbut de 1931, le Parti a fait adopter une constitution garantissant en son article 30 Ç la vraie libertŽ de croire en la religion È et consacrant le principe de la sŽparation de l'Eglise et de l'Etat. Cette disposition Žtait suivie d'une autre confirmant la libertŽ de s'opposer au prosŽlytisme religieux et soumettant les Žglises impŽrialistes aux lois nationales.

 Selon la logique du communisme chinois, la religion se rattache ˆ des pŽriodes spŽcifiques de l'histoire, suscitŽe d'abord par l'Žmerveillement des peuples face aux phŽnomnes naturelles, exploitŽe ensuite pendant la longue pŽriode fŽodale jusqu'au dŽbut du 20ime sicle par les classes supŽrieures se sont servies des religions (tant le bouddhisme que le tao•sme ou l'islam) pour anesthŽsier les peuples, le processus Žtant chargŽ de colonialisme ˆ partir de la Guerre de l'Opium. Mais dans la thŽorie communiste, la religion dispara”tra quand auront disparu les circonstances objectives l'ayant engendrŽe.

 En attendant d'atteindre ce nouveau stade de l'Žvolution, le Parti considre la pratique de la religion comme une contradiction interne au peuple. En ce sens, elle ne menace pas l'Etat communiste, et il appartient au Parti notamment ˆ travers l'action de sa United Front de rassembler au-delˆ de ces clivages pour mettre en Ïuvre ses politiques de progrs Žconomique et social. Aussi, il serait contre-productif que de chercher ˆ Žliminer l'adhŽsion aux religions par la coercition; au contraire, la libertŽ de religion dans le respect des lois et rglements est protŽgŽe, voire encouragŽe tout en vouant le Parti ˆ la promotion par la persuasion ainsi que par le progrs Žconomique d'une sociŽtŽ dans laquelle la religion n'aurait qu'un intŽrt historique.

 La ligne politique du Parti par rapport aux pratiques religieuses est dictŽe par la thŽorie de la United Front conue par Mao Zedong en application de sa thŽorie des contradictions et du besoin de hiŽrarchiser les luttes pour les rŽsoudre. Ainsi Mao a Žcrit dans son essai Ç Sur le traitement appropriŽ des contradictions intrinsques au peuple È :

Pour le traitement des questions d'idŽologies internes et de celles affŽrent au monde spirituel, le recours aux mŽthodes simples est non seulement inutile, mais trs nŽfaste. On ne peut Žmettre des ordres administratifs de dŽtruire la religion. On ne peut pas obliger le peuple ˆ ne pas croire en la religion; on ne peut pas forcer le peuple ˆ abandonner l'idŽalisme; et on ne peut forcer le peuple ˆ croire au marxisme.

 La ligne qui semble constante depuis la RŽvolution Communiste consiste ˆ tolŽrer les religions tant qu'il n'y a pas de menace pour le Parti. Ainsi, Zhou Enlai a dŽclarŽ:

Nous affirmons que la foi religieuse est une question de foi personnelle et elle n'a pas de connotations politiques. Que l'on soit athŽe ou croyant, matŽrialiste ou idŽaliste, tous sans exception peuvent soutenir le systme socialiste.

 En mai 1950, Zhou a lancŽ en coopŽration notamment avec un intellectuel protestant, Wu Yaozong, les mouvements des trois Ç auto È : autogestion, auto-soutien, auto-propagation qui a abouti ˆ lĠŽtablissement dĠorganisations religieuses nationales parrainŽes par lĠEtat.  Les Žglises Ç patriotiques È rŽpondaient au besoin de nourrir des mouvements chrŽtiens nationaux, indŽpendants des puissances coloniales, dont les ressortissants et les organisations religieuses continuaient ˆ soutenir financirement le christianisme chinois.

 Mais ces organisations Ç patriotiques È nĠont pas su attirer lĠadhŽsion de lĠensemble des fidles dans aucune des religions concernŽes. Les origines des Žglises chrŽtiennes clandestines remontent ˆ cette Žpoque.

 Le dŽbat entre partisans et opposants aux organisations Ç patriotiques È Žtait intense et lĠon peut estimer que des hommes honorables et raisonnables pouvaient sĠopposer sur les attitudes ˆ adopter dans le contexte historique.

 Des intellectuels catholiques chinois ont crŽŽ un pont entre la tradition chinoise et la dialectique matŽrialiste en faisant remarquer que les lotus, tout comme les idŽaux, existent par transformation de matire, comme la justice est fonction de la distribution de la richesse (Wu Jingxiong).  Mais les clercs catholiques devant tre intŽgrŽs selon des procŽdures impliquant de prs ou de loin la participation du Vatican, le conflit avec les autoritŽs communistes est radicalement irrŽconciliable et le fait quĠil perdure sĠexplique.

 Pour certains chrŽtiens, dont par exemple lĠintellectuel protestant Wang Mingdao, la rŽsistance sĠest dŽployŽe surtout contre les influences modernistes sur le christianisme apurŽ de son mysticisme que prchaient les Žglises patriotiques.

 Pendant la RŽvolution Culturelle, les cadres du Parti ont ŽtŽ balayŽs et la protection que le Parti accordait ˆ la libertŽ de religion a ŽtŽ remplacŽe par les attaques des Gardes Rouges contre les droitistes qui ont pratiquement ŽliminŽ la pratique de la religion ˆ l'intŽrieur des frontires de la RPC. A partir du lancement par Deng Xiaoping de la campagne de rŽforme et d'ouverture en 1978, la libertŽ de religion a ŽtŽ rŽhabilitŽe, en particulier lors des 3ime et 6ime sŽances du 11ime ComitŽ Central du Parti Communiste.

 Au mois de mars 1982, le Parti a adoptŽ un document intitulŽ Ç The Basic Policy and Perspective on Religion during the Period of Socialism È qui trace l'histoire des 30 annŽes d'expŽriences des communistes chinois avec la religion. (Document 19)

 Le Document 19 applique la logique du United Front en mettant l'accent sur le besoin prioritaire de rassembler toutes les forces socialistes quels que soient leurs attitudes par rapport ˆ la religion. De toute faon la foi est irrŽductible et l'application de force ˆ son encontre Ç engendrera les conditions idŽales pour les incitations par une petite minoritŽ de contre-rŽvolutionnaires sous guise de la religion ˆ des comportements illŽgaux et ˆ des activitŽs contre-rŽvolutionnaires È. Le Document confirme la soumission des activitŽs religieuses ˆ l'approbation des autoritŽs. Il a rŽitŽrŽ l'interdiction de conversions des mineurs ˆ toute religion ou de leur entrŽe ˆ tout monastre ou temple.  Le Document a renforcŽ l'interdiction aux cadres du parti d'entreprendre toutes activitŽs religieuses. Les mesures appropriŽes doivent tre entreprises pour subvenir aux besoins matŽriels des Ç professionnels de la religion È en conformitŽ avec leur statut et leur renommŽe.

 Le Document 19 confirme :

- la libertŽ de pratiquer ou non une religion,

- la sŽparation de la religion et de l'Etat,

- la pratique des Ç Three Selfs È que sont l'autogestion, l'autofinancement, l'auto-propagation,

- la protection des activitŽs religieuses entreprises dans le cadre de la loi et des rglements, soit sous l'Žgide de l'une ou l'autre des 8 associations patriotiques ainsi que

- la suppression des autres activitŽs et le ch‰timent des activitŽs criminelles et contre-rŽvolutionnaires comme les sorciers, les charlatans et les escrocs,

- le principe de la restitution de la propriŽtŽ des lieux de culte afin notamment d'intŽresser le clergŽ ˆ leur restauration et ˆ leur maintien, de permettre au clergŽ d'assurer en toute indŽpendance financire leurs activitŽs,

- le soutien de l'Etat aux membres des clergŽs,

- la formation des membres du clergŽ en leur inculquant un minimum de culture et de patriotisme, et

- l'interdiction aux membres du parti de participer aux activitŽs religieuses (sauf pour les membres dans les rŽgions ˆ majoritŽ pratiquante dans le cadre d'activitŽs ayant aussi un caractre social, par exemple les mariages et les funŽrailles).

 Le 5 fŽvrier 1991, le Parti a Žmis une circulaire conjointement avec le Religious Affairs Bureau du State Council visant l'amŽlioration des rŽsultats jusqu'alors obtenus par le Parti dans la mise en Ïuvre de sa politique religieuse (aussi connu sous la dŽsignation Document 6). Elle s'inscrit dans la ligne tracŽe dŽjˆ par le Document 19 tout en appelant ˆ une application plus rigoureuse des dispositions rŽglementaires autant pour Žliminer les activitŽs religieuses non autorisŽes ainsi que les agissements illŽgaux des autoritŽs locales manquant de respect pour la libertŽ de religion.

 Ce document rappelle le processus d'approbation des activitŽs religieuses: les organisations de toutes les religions doivent prŽsenter des demandes d'ouverture de lieux d'activitŽs religieuses auprs du Gouvernement du Peuple au niveau supŽrieur au niveau du comtŽ. Les activitŽs de prosŽlytisme doivent tre restreintes. Les lieux de formation religieuse non autorisŽs doivent tre fermŽs. Les interfŽrences par les Žtrangers dans les affaires internes chinoises, y compris celles affŽrent ˆ al religion sont proscrites.

 Les contributions financires de l'Žtranger en montants significatifs doivent tre approuvŽs par le Religious Affairs Bureau du State Council ou le Gouvernement du Peuple au niveau provincial. Le document appelle les autoritŽs ˆ appliquer des sanctions lourdes vis-ˆ-vis de ceux qui violent la loi pŽnale ou qui Ç entrent en association avec les forces hostiles ˆ l'extŽrieur du pays pour nuire ˆ sa sŽcuritŽ È.

 En 2002, le responsable de la Politique et du Droit au sein du Politburo a appelŽ ˆ la suppression des activitŽs religieuses portant atteinte ˆ lĠordre public. 
 

4. - L'encadrement des religions chrŽtiennes

4.1. - L'encadrement gŽnŽral de la religion

 Aprs la prise de pouvoir en 1949, une forme de premire constitution a ŽtŽ adoptŽe sous l'intitulŽ Programme commun pour le People's Political Consultative Conference. En son article 5, il est prŽvu que les citoyens chinois bŽnŽficient des libertŽs de pensŽe, de parole, de presse, d'assemblŽe, d'association, de migration et de religion ainsi que le droit de participer librement ˆ des manifestations publiques. L'article 53 reconna”t aux nationalitŽs le droit de prŽserver leurs coutumes et leur garantir la libertŽ de religion.

 Dans la premire constitution de la RŽpublique Populaire, adoptŽe en 1954, la libertŽ de religion est protŽgŽe explicitement ˆ l'article 88.

 La Constitution de 1975 rŽitŽrait en son article 28 la libertŽ de croire en une religion et la libertŽ de ne pas croire en une religion, ainsi que la libertŽ de propager l'athŽisme. La Constitutionnelle de 1978 reprend cette formulation en son article 46.

 La religion n'est pas un sujet d'instruction ˆ l'Žcole publique en Chine, l'athŽisme Žtant la ligne officielle.

 La participation des mineurs aux offices religieux est interdite mais la rigueur de l'application de la rgle est variable de rŽgion en rŽgion.

 Dans les rŽgions o les minoritŽs religieuses sont concentrŽes, dont le Xinjiang et le Tibet, ou dans une moindre mesure les provinces de Hebei, Fujian et Guangdong o sont contrŽes les minoritŽs chrŽtiennes, ces politiques ont connu dans leur application des degrŽs de rigueur variable.

La  Constitution de 1982 prŽvoit en son article 36 :

Les citoyens de la RŽpublique Populaire de Chine bŽnŽficient de la libertŽ de foi religieuse. Aucun organe de l'Etat, organisation publique, ou individu ne peut obliger les citoyens ˆ croire, ou ˆ ne pas croire en toute religion ; aussi il est interdit de discriminer contre les citoyens selon qu'ils croient ou non en une religion. L'Etat protge les activitŽs religieuses normales. Il est interdit d'utiliser les religions pour entreprendre des activitŽs portant atteinte ˆ l'ordre public, ˆ la santŽ publique ou qui interfrent avec le systme Žducatif. Les entitŽs religieuses et les affaires religieuses ne doivent pas tre soumis ˆ toute domination Žtrangre.

 La rŽforme constitutionnelle de 2004 promet un renforcement de la protection accordŽe aux droits de lĠhomme, dont on peut supposer que la religion fait partie.

 Aucune loi nationale affŽrant ˆ la religion nĠa ŽtŽ adoptŽe en Chine mais l'article 11 de la loi sur les autonomies rŽgionales nationales prŽvoit que les Ç autoritŽs autonomes d'une rŽgion nationale autonome protŽgera la libertŽ de foi religieuse dans sa rŽgion È.

 MalgrŽ certaines tentatives de formuler une loi nationale sur les religions, c'est finalement en 1994 par un dŽcret du State Council que le gouvernement a lŽgifŽrŽ sur la religion. Ce dŽcret amplifie les dispositions constitutionnelles en prenant compte et consolidant les rglements concernant la religion adoptŽs par diverses Provinces, dont Hebei, Henan, Fujian, Guangdong, Hunan et Xinjiang.

 La loi civile garantit la propriŽtŽ personnelle des articles culturels (article 75) et la propriŽtŽ des biens des organisations religieuses (article 77).

 Plusieurs lois chinoises interdisent la discrimination sur des bases religieuses, telles que la loi relative aux Žlections au National People's Congress ainsi qu'aux Local People's Congress (article 3), la loi relative au service militaire (article 5), la loi relative ˆ lĠŽducation (article 9), le droit du travail (article 12) et la loi relative ˆ l'organisation judiciaire.

 L'article 251 de la loi pŽnale prŽvoit des sanctions pouvant atteindre deux ans d'emprisonnement pour les fonctionnaires qui violent la libertŽ de religion des minoritŽs.

 Dans le sens contraire, d'autres lois chinoises restreignent la libertŽ de religion. Ainsi, l'article 99 de la loi pŽnale prŽvoit :

Quiconque organise ou utilise des superstitions fŽodales ou des sectes superstitieuses ou des sociŽtŽs secrtes pour entreprendre des activitŽs contre-rŽvolutionnaire sera condamnŽ ˆ au moins 5 ans d'emprisonnement.

 L'article 16 de la loi relative ˆ l'Žducation obligatoire interdit ˆ la religion d'interfŽrer avec les activitŽs Žducatives. Ainsi le prosŽlytisme religieux est interdit dans les collges et les lycŽes et les sŽjours religieux ˆ lĠŽtranger.

 Le gouvernement communiste justifie sa politique d'interdiction de formation religieuse pour les mineurs par une conjugaison malaisŽe de l'article 34 de la Constitution qui garantit le droit de vote sans discrimination sur la base de la religion aux personnes ayant atteint l'‰ge de la majoritŽ (18 ans) et l'article 36 de la Constitution garantissant la libertŽ de religion.

 Le Religious Affairs Bureau (RAB) qui dŽpend du State Council dŽfinit en coopŽration avec la United Front Work Department du Parti Communiste la politique envers les activitŽs religieuses en Chine. Il leur importe de prŽvenir l'irruption de toute source d'autoritŽ nationale alternative ˆ celle du Parti.

 Le RAB est dŽclinŽ en bureaux au niveau des provinces et des grandes villes qui mettent en Ïuvre les rgles nationales.

 Il revient au RAB, dont les membres sont rarement pratiquants, d'enregistrer les organisations religieuses et ˆ ce titre d'en apprŽcier la lŽgitimitŽ. Le RAB est la source de rŽfŽrence en matire de rŽgulation des religions en ce que par exemple elle Žtudie des dossiers qui lui sont rapportŽs par le NPC et le CPPCC, dont une cinquantaine de cas entre 1993 et 1996.

 Selon les lois chinoises, les organisations sociales doivent s'immatriculer auprs des autoritŽs et il en est de mme des organisations religieuses.

 Les organisations suivantes sont reconnues sous la loi chinoise en tant qu'organisation religieuse au plan national: l'Association Bouddhiste de Chine, l'Association Tao•ste de Chine, l'Association Islamique de Chine, l'Association Catholique Patriotique de Chine, le Collge des Evques Catholiques de Chine, ComitŽ du Mouvement Patriotique des Eglises Protestantes de Chine et le Conseil de la ChrŽtientŽ de Chine. Au niveau local, il y aurait 3.000 organisations religieuses enregistrŽes actuellement en Chine.

 En 1991, le Religious Affairs Bureau a Žmis en 1991 un document intitulŽ Ç Methods for Administering Registration of Religious Organizations È. Les organisations ont la personnalitŽ juridique. Elles doivent remplir les exigences suivantes :

- disposer d'une adresse permanente,

- dŽsigner une personne responsable,

- adopter des statuts conformes ˆ la Constitution et aux lois et rglements, et respecter ces statuts,

- avoir une source licite de revenus,

- ses textes religieux utilisŽs doivent rŽsister ˆ une analyse scientifique et avoir un lien avec une des religions existantes en Chine,

- les membres de ses instances dirigeantes doivent tre reprŽsentatifs.

 A partir de cette date, lĠenregistrement est devenu le fer de lance du contr™le Žtatique car le processus implique un agrŽment dont lĠexigence peut porter sur les plus menus dŽtails de la pratique religieuse.

 Des congrs de fidles sont tenus tous les 4 ans pour adopter et amender les statuts, pour recevoir des rapports des organes internes et pour Žlire les membres de ses instances dirigeantes.

 Les organisations religieuses entreprennent des activitŽs comprenant la gestion de sites religieux, des Ïuvres caritatives, l'Ždition de textes et la commercialisation d'objets religieux, la fourniture de formation et de services sociaux. Les conditions ˆ satisfaire pour faire enregistrer un Ç site destinŽ ˆ des activitŽs religieuses È sont les suivantes :

- la disposition d'un site physique,

- un nombre minimum de citoyens qui sont croyants et qui assistent rŽgulirement aux activitŽs religieuses,

- un conseil de direction,

- un rglement intŽrieur,

- une source licite de revenus.

Il semble que certaines candidatures sont refusŽes, quelques fois sans explication.

 Selon la ligne officielle, les activitŽs conduites en dehors de ces structures sont susceptibles d'tre rŽprimŽes par les autoritŽs et, ˆ ce titre, selon un avis assez gŽnŽralisŽ, la Chine manque de respect pour la libertŽ de religion. L'arsenal des moyens de rŽpression des activitŽs hors la loi comprend des procŽdures non judiciaires susceptibles d'aboutir ˆ des condamnations par des panels de policiers et de reprŽsentants de l'autoritŽ locale ˆ des peines de rŽŽducation par le travail pouvant atteindre des durŽes de 3 ans.

 Les groupes religieux et les pratiquants qui ne s'enregistrent pas se justifient pour certains en invoquant des craintes de subir des pressions de dŽnoncer les ecclŽsiastiques et les la•ques restants dans la clandestinitŽ, et des craintes de pressions de s'aligner sur les politiques et les idŽes officielles alors que d'autres tŽmoignent une opposition de principe ˆ l'invasion par l'Etat dans le domaine privŽ.

 En 1994, le State Council a Žmis des rglements qui ont ŽtŽ dŽclinŽs aux niveaux provincial et local exigeant l'enregistrement auprs du RAB de tout site d'activitŽs religieuses et la soumission des activitŽs ˆ la compŽtence et ˆ la supervision des organisations Ç patriotiques È.

 Les Regulations for Administering Religious Sites du State Council Žmis en janvier 1994 exigent que tout opŽrateur de site dĠactivitŽs religieuses doit

- tre dotŽ d'une dŽnomination,

- disposer d'une adresse permanente,

- attirer un nombre significatif de participants rŽguliers ˆ ses offices, un comitŽ de direction composŽ de citoyens fidles,

- disposer dĠun clergŽ ou autre personnel capable d'administrer les activitŽs et les rites en conformitŽ avec la religion,

- avoir un rglement interne,

- avoir une source de revenus licites.

Un rglement de mai 1994 prŽcise les modalitŽs dĠenregistrement et un autre en 1996 exige que les autorisations soient renouvelŽes annuellement.

 Selon certaines sources, 85.000 sites auraient ŽtŽ enregistrŽs. Les rŽunions dans les domiciles des croyants, surtout les chrŽtiens ne seraient pas soumis ˆ enregistrement. Les autorisations sont refusŽes lorsque les titres de propriŽtŽ ou d'occupation posent problme, par exemple au niveau de l'urbanisme, ou lorsque le groupe s'apparente ˆ une secte ou pratique la superstition.

 Les modalitŽs d'application du rglement cadre ont variŽ selon les provinces. Les rglements locaux peuvent en respectant le droit interne ajouter des contr™les.

 Le rglement adoptŽ par la MunicipalitŽ de Shanghai est entrŽ en vigueur le premier mars 1996. Selon son article 11, les organisations religieuses doivent accepter le Ç contr™le par le gouvernement È et elles doivent Ç promouvoir le socialisme, le patriotisme et lĠŽducation dans le cadre des systmes lŽgaux È. Les publications et distributions de tracts sont soumises aux Ç rglementations pertinentes È. La gamme des sanctions des infractions inclut la confiscation des Ç structures, installations, revenus È. Seules les personnes prŽalablement autorisŽes par le RAB sur proposition de lĠEglise Patriotique peuvent exŽcuter les offices publics. Les expositions et les Žtalages sont soumis ˆ autorisation, DĠautres articles interdisent les dŽbats religieux et les activitŽs superstitieuses. Les dŽplacements de croyants en dehors de Shanghai pour des motifs religieux doivent tre approuvŽs au prŽalable par les autoritŽs religieuses locales et par le RAB. Les visiteurs provenant dĠautres rŽgions de Chine ou de lĠŽtranger doivent aussi tre dŽclarŽs et approuvŽs par les autoritŽs et ils ne peuvent en aucun cas faire augmenter le nombre de fidles parmi les ressortissants chinois. Les sŽminaires sont soumis ˆ un contr™le strict.

La plus grande maison dĠŽditions catholiques, le Shanghai Guang Qi Research Center a dž obtenir lĠautorisation officielle avant de distribuer son Ç New Catechism of the Catholic Church in China È. LĠapprobation a ŽtŽ accordŽe moyennant des compromis sur les contenus de lĠouvrage, en particulier en ce qui concernait le chapitre sur lĠinterruption volontaire de la grossesse. Ses publications ne peuvent tre distribuŽes que dans des lieux approuvŽs par les autoritŽs.

Selon la rŽglementation locale adoptŽe par les autoritŽs locales dans le comtŽ de Jingxian dans le Hebei, les visiteurs doivent sĠenregistrer au bureau local de la sŽcuritŽ publique au moment de leur arrivŽe et ˆ leur dŽpart. LĠunitŽ accueillante doit dŽposer un rapport concernant ses activitŽs pendant son sŽjour local. Les personnes en dehors du comtŽ doivent dŽclarer leurs dons, leurs quantitŽs et leurs buts. Quand les dons sont utilisŽs ˆ leurs fins prŽvues, une dŽclaration explicative doit tre dŽposŽe auprs des autoritŽs. Des rapports financiers sur les projets entrepris doivent tre dŽposŽs tous les 6 mois.

 Dans le Zhejiang, les autoritŽs ont prŽvu la confiscation des revenus et des patrimoines illŽgaux

- de ceux qui prŽsident or organisent des activitŽs religieuses autres que celles prŽvues ˆ cette fin ou dans des lieux qui n'ont pas ŽtŽ approuvŽs par le BAR local,

- de ceux qui entreprennent des Ïuvres de missionnaire en dehors des lieux des activitŽs religieuses, et

- de ceux qui parrainent des activitŽs de formation religieuse sans avoir obtenu l'autorisation de RAB au niveau du contŽ ou plus d'un niveau plus ŽlevŽ.

 Dans la pratique, ces rglements fournissent autant d'occasions pour lĠobstructionnisme et la rŽpression, et aussi pour les trafics d'influence en tous genres.

 En 1995, le State Council et le ComitŽ Central du Parti Communiste ont Žmis une circulaire classifiant comme Ç cultes È certains groupes religieux et les dŽclarant ˆ ce titre hors la loi, s'agissant des Ç Shouters È (Ç Ceux qui crient È - lancŽ aux Etats-Unis en 1962), le Eastern Lightning, la SociŽtŽ des Disciples (Mentu Hui), l'Eglise de la Full Scope, la Secte de l'Esprit, l'Eglise du Nouveau Testament, et le Guan Yin (aussi connu sous le nom Guanyin Famin, la Voie de la DŽesse de la Mercie). UltŽrieurement ont ŽtŽ bannies la Secte Lord God, l'Eglise du Roi Etabli, l'Eglise de l'Unification, la Family of Love, la Mission Dami et quelques autres groupes.

 En 1997, le Conseil dĠEtat a publiŽ un Livre Blanc sur la libertŽ de religion en Chine rŽitŽrant la distinction entre Ç les religions ˆ protŽger les activitŽs illŽgales et criminelles entreprises au nom de la religion È.

 Depuis la rŽforme de la loi pŽnale entreprise au cours de cette mme annŽe, les infractions consistant en la pratique de Ç cultes È et de religions non autorisŽes sont passibles de poursuites en tant que Ç crimes d'atteinte ˆ l'ordre social È. Depuis cette date, le nombre d'infractions jugŽes dans cette catŽgorie a sensiblement augmentŽ. C'est ˆ ce titre qu'ont ŽtŽ proscrits Le Fa Lun Gong et le Zhong Gong (une discipline du qi gong).

 En effet, un problme pŽrenne et endŽmique en Chine est que les membres du clergŽ des Žglises clandestines manquent de formation et sont pour autant vulnŽrables aux dŽrives irrationnelles. Qu'il y ait des abus par des escrocs et des illuminŽs mŽritant sanctions si ce n'est que pour protŽger les affligŽs du charlatanisme ne fait pas dŽbat mais les autoritŽs peuvent aussi invoquer ces rgles pour brimer les dissidents et les chefs spirituels charismatiques.

 D'aprs des rapports secrets Žmis par le gouvernement chinois en 1999 et 2001 (publiŽs par Freedom House en 2002), la politique a visŽ l'Žradication des cultes et des groupes religieux non enregistrŽs par le recours ˆ des sanctions pŽnales lourdes.

 En 1999, le Standing Committee du NPC a dŽcidŽ de proscrire tous les groupes identifiŽs par le gouvernement comme des Ç cultes È en application de l'article 300 du Code PŽnal. La Cour Suprme de Chine et l'Avocat GŽnŽral ont ajoutŽ des explications concernant l'application du texte au Fa Lun Gong. Les membres de ces Ç cultes È qui porteraient atteinte ˆ l'ordre public ou qui distribueraient des publications seraient passibles de peines d'emprisonnement de 3 ˆ 7 ans. Les chefs des cultes y sont rendus passibles de peines plus lourdes.

 En octobre 2000, le Directeur du RAB a publiŽ un article sur la thŽorie et la politique qui incite les cadres ˆ adhŽrer aux trois recommandations (san ju hua) de Jiang Zemin dĠappliquer la politique du Parti par rapport ˆ la religion, de renforcer le contr™le de la religion conformŽment ˆ la loi, et de mener activement lĠadaptation de la religion et du socialisme.

 Il existe pourtant un courant contraire au sein de la Jeunesse communiste dont certains chefs appellent ˆ la levŽe de lĠinterdiction pour les croyants dĠaccŽder au Parti et ˆ la reconnaissance des bienfaits de la religion qui satisfait des besoins psychologiques, culturels et moraux tout en assurant utilement la fourniture de nombreux services sociaux.

  Aprs une confŽrence sur la religion en Chine qui a ŽtŽ tenue ˆ Beijing du 10 au 12 dŽcembre 2001 et qui a attirŽ les grandes personnalitŽs de la hiŽrarchie Žtatique chinoise (dont le PrŽsident Jiang Zemin et le Premier Ministre Zhu Rongji), la pression de se rŽgulariser a ŽtŽ augmentŽe sur les Žglises clandestines mais il semble aussi que les nombres de leurs fidles continuent ˆ cro”tre.

 Les contacts entre les Žglises chinoises et les Žglises ˆ l'Žtranger sont tolŽrŽs ˆ condition que la relation n'implique pas un Ç contr™le Žtranger È, bien que la signification exacte de cette expression reste sans dŽfinition officielle.

 En principe, le prosŽlytisme ˆ l'intŽrieur de la communautŽ Žtrangre est tolŽrŽ ainsi que l'importation de matŽriaux religieux pour utilisation dans ce contexte. Les ressortissants chinois peuvent assister aux cŽrŽmonies religieuses dans les Žglises, mosquŽes, synagogues, et temples.

 Mais les activitŽs missionnaires par les Žglises Žtrangres sont interdites bien que les ecclŽsiastiques Žtrangers enseignant les langues par exemple dans les universitŽs chinoises puissent afficher leur affiliation religieuse ˆ condition de ne pas outrepasser la frontire avec le prosŽlytisme.

 L'importation de bibles est interdite et les infractions sont rŽprimŽes par des peines de prison. Ainsi, un rŽsident de Hong Kong (Lai Kwong-keung) a ŽtŽ condamnŽ le 28 janvier 2002 ˆ 2 ans d'emprisonnement pour avoir violŽ l'interdiction; alors que sa libŽration anticipŽe a ŽtŽ obtenue par les efforts de groupements religieux Žtrangers, ses deux complices sur le territoire chinois Žtaient, selon le DŽpartement d'Etat amŽricain, encore en prison en 2002.

 Alors que le texte de la Bible distribuŽe en Chine n'a pas ŽtŽ censurŽe, les livres de prire et des cahiers de catŽchisme catholiques ont ŽtŽ censurŽs pour expurger les propos antisocialistes (tel que la phrase biblique Ç Le pays est affligŽ de calamitŽs È) et leur publication a ŽtŽ mise sous contr™le ou interdite.

4.2. - La situation des catholiques

 Ds 1949 et jusqu'en 1952, plusieurs missionnaires Žtrangers ont ŽtŽ arrtŽs et emprisonnŽs. Le gouvernement communiste a pris le contr™le de toutes les Žcoles, et de tous les h™pitaux et de tous les hospices gŽrŽs par les Žglises Žtrangres dans le cadre d'une campagne gŽnŽrale de brimades contre les missionnaires et ecclŽsiastiques ainsi que leurs entourages. Les domaines sous contr™le de l'Eglise catholique s'apparentant ˆ tous Žgards ˆ des entreprises capitalistes aux yeux des communistes, ils ont ŽtŽ expropriŽs comme l'ont ŽtŽ les biens immobiliers commerciaux; seules les Žglises sont restŽes la propriŽtŽ des diocses locaux, en tout cas nominalement, puisque leur gestion Žtait assumŽe par l'Etat. En effet, selon l'article 77 de la loi civile, les organisations religieuses ont la capacitŽ d'tre propriŽtaires de leurs biens.

 Des quelque 13.000 prtres, frres et sÏurs en Chine ˆ la RŽvolution, environ la moitiŽ consistait d'Žtrangers occupant des fonctions de supŽrieur (jŽsuites, franciscains, dominicains, venus d'Europe et d'AmŽrique). Ds aožt 1954, 126 des 143 diocses avaient perdu leurs supŽrieurs. Des 5.486 ecclŽsiastiques Žtrangers en Chine ˆ la RŽvolution, seule une centaine y Žtait encore en 1954. Nombre d'entre eux ont ŽtŽ humiliŽs publiquement, emprisonnŽs et mme tuŽs ou, en tout cas, laissŽ se dŽpŽrir dans les ge™les. En 1955, les sŽminaires catholiques ont ŽtŽ fermŽs.

 La rupture entre le pouvoir communiste et le Vatican a eu lieu en 1958 aprs la publication d'une Encyclique interdisant au clergŽ et aux la•ques de participer aux activitŽs du Parti Communiste. Les prtres devaient refuser leur bŽnŽdiction aux membres du Parti. Les Žvques et prtres visŽs par la lettre Žtaient menacŽs d'excommunions en cas de refus de se ranger aux ordres. NŽanmoins, la plus grande partie des officiels de l'Eglise en Chine ˆ cette Žpoque semblent avoir plut™t soutenu une ligne nationaliste.

 Trois ecclŽsiastiques furent excommuniŽs: un prtre, Li Ying Dao pour avoir confortŽ les blessŽs chinois sur le front corŽen en disant la messe et en donnant les sacrements, Li Wei Jiang qui est devenu ultŽrieurement Žvque de Nanjing qui avait approuvŽ l'expulsion du nonce pontifical Monseigneur Ribeiri en 1951, et Tong Guan Jing pour s'tre laissŽ Žlire Žvque par une assemblŽe d'ecclŽsiastiques et de moines ˆ Wuhan.

 Il semble qu'en 1960 seules deux sÏurs Žtaient encore prŽsentes ˆ l'Eglise catholique du SacrŽ CÏur ˆ Beijing.

 Les la•ques chinois se sont ralliŽs majoritairement ˆ l'ŽlŽment patriotique de l'Eglise.

 MalgrŽ une amŽlioration de traitement par rapport au nadir vŽcu pendant la rŽvolution Culturelle, les points de conflits entre le Gouvernement chinois et le Vatican restent fondamentaux et ils n'ont toujours pas ŽchangŽ d'ambassadeurs.

 Le Gouvernement chinois refuse de s'en remettre ˆ l'autoritŽ papale pour la dŽsignation des Žvques. Mais les camps font des gestes d'apaisement; par exemple, dans plusieurs cas, des Žvques dŽsignŽs d'abord par les autoritŽs chinoises ont ŽtŽ reconnus ensuite par le Vatican.

 Lorsque des conflits surviennent entre la doctrine de l'Eglise et la loi chinoise, le Gouvernement exige des ecclŽsiastiques qu'ils se rallient ˆ la politique Žtatique.

 Il semble que les conflits entre catholiques patriotiques et papistes aient quelques fois virŽ vers la violence.

4.2.1. - L'Žpoque de Mao Zedong

 Ds 1937, le Pape Pie XI avait pris position contre le communisme dans la lettre Encyclique Divini Redemptoris mais les officiels de l'Eglise ne connaissaient que peu le Parti Communiste chinois.

 Nonobstant ces brimades subies par les clercs et les la•ques catholiques, l'envoyŽ du Pape en Chine, l'Archevque Antonio Ribeiri ne s'est pas enfui ˆ Taiwan comme la plupart des autres diplomates mais son maintien sur le territoire ne lui a pas attirŽ la faveur des communistes.

 En 1952 le Pape Pie XII a Žcrit une lettre apostolique ˆ l'intention des catholiques chinois, intitulŽe Ad Sinrum Gentem, qui les encourageait ˆ rŽsister aux appels des communistes.

 Le 30 novembre 1950, un prtre catholique chinois, Wang Liangzuo, a lancŽ ˆ partir de Guangyuan dans le Sichuan un appel ˆ rompre avec les forces impŽrialistes et ˆ l'instauration d'une Žglise catholique chinoise autonome. Le 11 janvier 1951 ˆ Tianjin, il a ŽtŽ Žtabli le premier ComitŽ catholique de promotion de la RŽvolution pour promouvoir les trois indŽpendances (d'administration, de soutien et de propagation). Le 17 janvier 1951, le Premier Ministre Zhou Enlai, a exprimŽ le soutien du Gouvernement ˆ ce mouvement.

 Mais les sŽminaires ont graduellement dž fermer et en 1955, il n'y en avait plus sur le territoire chinois.

 A partir du mois de septembre 1955, le gouvernement a organisŽ une rafle des ecclŽsiastiques et la•ques catholiques ˆ travers tout le pays. Plusieurs centaines de personnes ont ŽtŽ arrtŽes. Plusieurs des prtres sont morts pendant leur captivitŽ et deux de ces premiers arrtŽs Žtaient encore en prison ˆ l'aube du 21ime sicle.

 Pourtant entre 1949 et 1955, le Pape a pu nommer 18 Žvques chinois et l'Evque de Shanghai, Monseigneur Gong Pinmei, a continuŽ ˆ ordonner des prtres jusqu'en 1955.

 En 1957, le Cardinal Fumasoni-Biondi a Žcrit ˆ la Diocse de Shanghai dotant les prtres Ç de tous les pouvoirs nŽcessaires pour exercer effectivement leurs obligations pastorales alors qu'ils sont dans l'incapacitŽ de communiquer le responsable local de l'Eglise È.

 En 1958, les relations entre l'Eglise et l'Etat chinois ont pris un tournant conflictuel.

 Pendant la campagne dite de l'Eclosion des cent fleurs initiŽe par Mao Zedong en 1957, de nombreux membres de l'Eglise chinoise ont exercŽ leur libertŽ de parole retrouvŽe et certains caciques ont mme pu rencontrer Zou Enlai. Mais ce dernier n'a pas prŽvalu dans les luttes politiques qui ont menŽ ˆ une rŽpression de la campagne. A la fin, les membres de l'Eglise se sont retrouvŽs visŽs par la rŽaction contre l'ensemble des Ç droitistes È.

 En 1957, quelques Žvques et quelques dizaines de la•ques ont alors crŽŽ un ComitŽ pour Žtablir The Chinese Catholics' Patriotic Association dont la premire rŽunion s'est tenue ˆ Beijing le 15 juillet 1957. L'assemblŽe a Žlu un prŽsident et 8 vice-prŽsidents, tous chinois. Tout en rŽitŽrant leur soumission ˆ l'autoritŽ du Pape sur les questions ayant trait ˆ la foi et au droit canonique, tout en rompant leurs liens politiques et Žconomiques.

 En 1958, le gouvernement a demandŽ ˆ l'Eglise chinoise de rompre avec les pays Žtrangers. En Žchange, le gouvernement chinois promettait la libertŽ de religion. Le conflit s'est cristallisŽ autour de la dŽsignation des Žvques et leur approbation par Rome. A travers l'Eglise Patriotique, le gouvernement et ses partisans proposaient des candidats et exigeaient des catholiques et de leurs clercs qu'ils en reconnaissent l'autoritŽ alors qu'ils prtaient serment de Ç rŽsister aux encycliques contre-rŽvolutionnaires du Vatican È. Ceux qui refusaient de se soumettre Žtaient emprisonnŽs.

 La rŽaction de Rome a ŽtŽ nuancŽe. En effet, tout en Žmettant une Encyclique Ad Apostolorum Principis, le 29 juin 1958 rŽitŽrant sa primautŽ pour la dŽsignation des Žvques, le Pape rappelle que la sanction d'excommunions relevait de l'exercice de son autoritŽ, qui n'a finalement jamais ŽtŽ invoquŽe. Selon un avis quasi-officiel, les dŽsignations d'Žvques tout en Žtant illicites n'Žtaient pas pour autant nulles.

 A partir de 1958, les prtres et Žvques qui ne coopŽraient pas avec le gouvernement Žtaient emprisonnŽs ou envoyŽs dans des camps de travail. Les prtres restants dans les Eglises Žtaient trop peu nombreux pour assurer la vie apostolique. L'Eglise en Chine se dŽpŽrissait.

 Une seconde assemblŽe de la CPA a ŽtŽ tenue le 6 janvier 1962 ˆ Beijing. Entre autres dŽlibŽrations, l'assemblŽe a appelŽ ˆ la mise en Ïuvre de l'obligation de crŽer une Eglise Ç indŽpendante et autonome È.

 MalgrŽ son dŽclin, l'Eglise Patriotique a fait consacrer 50 nouveaux Žvques sans l'aval du Pape entre 1958 et 1963. Pendant cette pŽriode, les participants ˆ la consŽcration des Žvques dŽsavouaient sous serment le contr™le du Pape et soutenait une administration indŽpendante de l'Eglise chinoise.

 En tout cas, l'Eglise au milieu des annŽes 1960 Ç avait perdu toute son influence sur la sociŽtŽ È.

 Mais cette soumission ˆ l'autoritŽ gouvernementale n'a pas ŽtŽ rŽcompensŽe au cours des vicissitudes de l'histoire. En effet, la RŽvolution Culturelle a balayŽ ce qui restait de la prŽsence catholique. Les caciques de l'Eglise ont ŽtŽ assimilŽs par les Gardes Rouges honnis aux cadres du Parti, et ainsi Monseigneur Zhang, Evque de Shanghai a ŽtŽ tra”nŽ ˆ travers les rues de la ville, en Žtant obligŽ de porter une pancarte autour du cou et il a ŽtŽ soumis ˆ divers mauvais traitements. Pendant la RŽvolution culturelle, toutes les Žglises, c'est-ˆ-dire celles de l'Eglise Patriotique ont ŽtŽ fermŽes, si ce n'est, dŽtruites par les Gardes Rouges. Toutes les activitŽs religieuses ont cessŽ. Les prtres de l'Eglise Patriotique ont ŽtŽ envoyŽs ˆ la campagne. Nombre d'entre eux ont reniŽ leurs vÏux en se mariant, souvent sous la coercition des autoritŽs. Deux de ses Evques, incapables d'assumer leur sort, se sont suicidŽs ˆ cette Žpoque alors qu'un Evque et deux prtres ont ŽtŽ exŽcutŽs au dŽbut de 1970 ˆ la prison Taiyuan dans la Province de Shanxi. Cette mme annŽe, l'Eglise Nantang ˆ Beijing a ŽtŽ rouverte pour accueillir la communautŽ Žtrangre et le dernier des missionnaires Žtrangers dŽtenus en Chine a ŽtŽ rel‰chŽ.

4.2.2. - La rŽforme et l'ouverture sous Deng Xiaoping

 L'arrivŽe au pouvoir en 1978 de Deng Xiaoping conduira ˆ une amŽlioration de la situation de l'Eglise ainsi que de celle de ses adeptes. En mai 1978, deux hauts dignitaires de l'Eglise Patriotique sont nommŽs au Chinese People's Political Consultative Conference. En dŽcembre de la mme annŽe, la 3ime RŽunion PlŽnire du 11ime Parti Communiste Chinois a adoptŽ la politique des 4 modernisations, ce qui a suffi pour que les autoritŽs locales commencent ˆ laisser rouvrir les Eglises. Graduellement, les prtres encore emprisonnŽs seront libŽrŽs. Le 21 dŽcembre 1979, l'Eglise Patriotique a fait consacrer un nouvel Žvque ˆ Beijing. A partir de 1980, les Žvques Žtaient consacrŽs sans obligation de prter serment de dŽsaveu du Pape. En 1980, les conditions des contacts des catholiques chinois avec l'Žtranger ont ŽtŽ assouplies  En 1981, un SecrŽtaire d'Etat du Vatican a rencontrŽ ˆ Hong Kong Monseigneur Deng Yiming, Evque nommŽ par le Pape en 1950, emprisonnŽ en 1958 et remis en libertŽ en 1980. Finalement, l'Eglise Patriotique dŽcidera de s'opposer ˆ la reprise de ses fonctions par Monseigneur Deng qui mourra aux Etats-Unis en 1995.

 L'Eglise Patriotique conna”tra ˆ partir des annŽes 1980 un certaine renaissance parmi le public chinois. L'Eglise Patriotique recensait lors de sa 4ime assemblŽe en 1986 quelque 2,000 Žglises, chiffre qui a ŽtŽ doublŽ en 6 ans.

 En mai 1980, quelque 200 dŽlŽguŽs de l'Eglise Patriotique provenant de la Chine entire ont tenu la 3ime assemblŽe plŽnire. A cette occasion, les structures de l'Eglise en Chine ont ŽtŽ modifiŽes et une nouvelle  constitution a ŽtŽ adoptŽe. A la suite de cette assemblŽe, il a ŽtŽ tenu avec le consentement des autoritŽs la premire rŽunion de la Catholic Representatives Assembly. Cette dernire a instaurŽ deux nouvelles organisations: la Chinese Catholic Church Administrative Committee et la Chinese Catholic Bishops' Conference dont les membres ont ŽtŽ dŽsignŽs par la Catholic Representatives Assembly. La CCPA a ŽtŽ dŽchargŽe de ses missions affŽrant ˆ la pratique du culte ˆ l'intŽrieur de la Chine, devant dŽsormais se concentrer sur les relations avec l'Etat chinois ainsi que sur celles avec l'Žtranger. Des rŽunions consŽcutives de la CCPA et de la Catholic Representatives Assembly ont ŽtŽ tenues en 1986 et en 1992 les rŽunions ont ŽtŽ tŽlescopŽes.

 Selon le rglement constitutionnel du Church Administrative Committee adoptŽ en 1980, l'organe suprme est la National Catholic Representatives Assembly (article 3) dont la mission premire a consistŽ ˆ favoriser le dŽveloppement d'une Eglise Ç autonome et indŽpendante È.

 Il revient au Conseil des Evques Ç d'Žtudier et d'expliquer les doctrines de la foi, d'appliquer la discipline ecclŽsiastique, d'Žchanger les expŽriences pastorales et de promouvoir les relations avec les Žglises hors de la Chine È et il semble exercer une influence sur les nominations aux diverses fonctions au sein de l'Eglise chinoise.

 En 1992, la National Catholic Representatives Assembly, comprenant quelque 272 dŽlŽguŽs, a adoptŽ une importante rŽforme des structures de l'Eglise Patriotique. Le nombre des organes de l'Eglise a ŽtŽ rŽduit ˆ deux (la Chinese Catholic Patriotic Association et le Conseil des Evques) par la soumission du Church Administrative Committee ˆ l'autoritŽ du Conseil des Evques lequel a adoptŽ son propre rglement constitutionnel. La Chinese Catholic Patriotic Association est une organisation de masse rŽunissant le clergŽ et les fidles dont le r™le est dĠunir les catholiques et aider ˆ la rŽalisation de la politique des trois autonomies et de lĠinculcation du patriotisme.

 Le Conseil des Evques est reconnu comme le reprŽsentant de l'Eglise Patriotique. Il a la charge dĠassurer le respect des activitŽs religieuses avec la politique des Ç trois autonomies È.

 Le Conseil des Evques chinois est dotŽ du pouvoir de dŽsigner les Žvques, facultŽ qui relve gŽnŽralement de la compŽtence exclusive du Pape.

 Alors que les Conseils des Evques dans les autres pays soumettent leurs constitutions et leur rglement de fonctionnement ˆ Rome, le Conseil des Evques en Chine est soumis plut™t ˆ l'autoritŽ de la National Chinese Catholic Representative Assembly.

 L'Eglise en Chine conna”tra alors un virtuel schisme avec l'Žmergence d'un mouvement rŽfractaire, fidle dans la clandestinitŽ au Pape. En effet, tous les prtres n'acceptaient pas de reprendre leur collaboration avec des prtres qui s'Žtaient entre-temps mariŽs ou, pire, qui avaient reniŽ le Pape, ou encore qui avaient tŽmoignŽ contre d'autres prtres.

 L'opposition de l'Eglise Patriotique au Monseigneur Deng a dŽplu ˆ une part des fidles, laquelle rŽaction a ŽtŽ amplifiŽe quand le gouvernement a cherchŽ ˆ obtenir de tous les membres de l'Eglise une dŽclaration critiquant le Pape pour son soutien ˆ Monseigneur Deng. Les rangs des prtres clandestins ont ŽtŽ nourris en partie par les anciens prisonniers des purges des annŽes 1950.

 Le Saint-Sige a apportŽ sa pierre ˆ l'Ždifice clandestin en en investissant le clergŽ et les fidles chinois de facultŽs et de privilges extraordinaires. Par exemple, contrairement ˆ la pratique gŽnŽrale de l'Eglise, les prtres ont ŽtŽ libŽrŽs de toute limitation de leurs actions pour la foi au seul diocse de leur rattachement. Les Žvques obtenaient l'autorisation d'ordonner des prtres alors mme qu'ils manqueraient de formation thŽologique.

 En 1982, l'Eglise Patriotique a Žgalement mal pris une lettre du Pape destinŽe ˆ l'ensemble des fidles ˆ travers le monde les appelant ˆ prier pour l'Eglise chinoise y voyant une ingŽrence dans les affaires internes de la Chine.1 Par contre, cette mme annŽe, une phrase rayŽe des livres de prires depuis les annŽes 1950 a ŽtŽ progressivement sur le territoire rŽintŽgrŽ, s'agissant de la prire pour le Pape.

 Monseigneur Fan Xueyan, du diocse de Baoding dans la Province de Hebei est souvent crŽditŽ pour le lancement de l'Eglise clandestine. Remis en libertŽ en 1979, mais empchŽ de tout contact avec le Vatican, il a pris deux ans plus tard la dŽcision de consacrer trois Žvques.

 Jusqu'ˆ son nouvel emprisonnement en 1983, Monseigneur Fan a continuŽ ˆ ordonner des prtres et consacrer des Žvques dans la clandestine avec le soutien tacite du Vatican. D'autres Žvques ont suivi son initiative aprs leur remise en libertŽ. En tout, il est estimŽ selon des sources sŽrieuses que quelque 80 Žvques ont ŽtŽ ordonnŽs dans la clandestinitŽ au cours de la pŽriode 1980-1993.

 Les activitŽs qualifiŽes de Ç clandestines È le sont en ce sens qu'elles ne sont pas pratiquŽes dans le cadre de l'Eglise Patriotique mais elles n'Žtaient pas nŽcessairement occultes ou secrtes. Par exemple, quelque 7.000 personnes ont assistŽ en 1988 aux funŽrailles de Monseigneur Zhu Yousan du diocse de Baoding, 5.00 ont assistŽ, malgrŽ l'opposition policire, aux funŽrailles tenues la mme annŽe de Monseigneur Zhou Shangfu dans le Province de Hebei.

 Le 21 novembre 1989, quelques Žvques, prtres et fidles de l'Eglise clandestine ont tenu dans le Village de Zhangerce dans le ContŽ de Gaoling dans la Province de Shaanxi pour fonder un Conseil des Evques propre ˆ l'Eglise clandestine.1 Les autoritŽs ont aussit™t arrtŽ les ecclŽsiastiques participants ˆ cette rŽunion qui ont ŽtŽ condamnŽes par la suite ˆ des peines d'emprisonnement qui ne se sont achevŽes pour certains qu'en 1993.

 Le Vatican est restŽ muet face ˆ ces ŽvŽnements mais selon certains observateurs le Saint-Sige cherchait surtout ˆ minimiser l'exposition de ses fidles aux brimades des autoritŽs chinoises. En 1988, le Cardinal Josef Tomko, PrŽfet de la CongrŽgation pour l'EvangŽlisation des Peuples a publiŽ les Ç Huit Directives È ˆ destination de l'Eglise chinoise rŽaffirmant la nŽcessitŽ pour se considŽrer Ç catholique È d'une communion avec le Pape sans pour autant invalider nŽcessairement les ordinations pratiquŽes par l'Eglise Patriotique ou des sacrements administrŽs par son clergŽ et reconnaissant les enseignements thŽologiques dispensŽs par les sŽminaires de l'Eglise Patriotique ˆ condition qu'ils ne soient pas opposŽs ˆ ceux de l'Eglise romaine.

 Ainsi, la politique gouvernementale a toujours ŽtŽ traversŽe par des attitudes variŽes ˆ l'Žgard de l'Eglise clandestine.

 Les fidles catholiques eux-mmes participent souvent aux activitŽs des deux Žglises et mme les prtres des deux bords considŽreraient qu'il n'y a de toute faon qu'une Eglise universelle. La rupture ne serait consommŽe entre les deux Žglises que dans certaines zones des Provinces de Hebei, de Fujian et de Zhejiang (en particulier dans la ville de Wenzhou).

 Au dŽbut des annŽes 1980, l'Eglise Patriotique ne reconnaissait pas l'existence d'une Žglise clandestine. Ce n'est qu'en 1988 qu'un Evque de Shanghai a publiquement constatŽ la popularitŽ croissante de l'Eglise clandestine.1 A cette Žpoque, les principaux foyers des activitŽs clandestines sont supposŽes tre situŽs dans les Provinces de Hebei, de Shanxi, de Shaanxi, de Gansu, o le nombre des fidles ˆ l'Eglise clandestine dŽpassaient le nombre d'adhŽrents ˆ l'Eglise Patriotique.

 A partir de 1988, Monseigneur Fan Xueyan a fait circuler trs largement ˆ travers le pays ses 13 critiques de l'Eglise Patriotique remettant en cause, par exemple, la lŽgitimitŽ religieuse de leur cŽlŽbrations des sacrements et demandant la restitution des biens immobiliers de l'Eglise catholique. Quelques mois plus tard, Monseigneur Fan a ŽtŽ rejoint par un critique beaucoup plus embarrassant car cacique de l'Eglise Patriotique, s'agissant de Monseigneur Ma Ji du Diocse de Pingliang dans le Gansu.

 Le 17 fŽvrier 1989, le Bureau Central du Parti et celui du State Council ont communiquŽ une circulaire au United Front du gouvernement Central et au Religious Affairs Bureau du State Council visant spŽcifiquement l'Eglise catholique. Ce Document fait Žtat de la nomination de 25 Žvques clandestins et de l'ordination de 200 prtres clandestins dispersŽs sur 17 provinces.

Les groupes religieux clandestins ont ŽtŽ formŽs dans les provinces de Hebei, Fujian, Shaanxi, et ˆ Wenzhou dans le Zhejiang ainsi qu'ˆ Tianshui dans le Gansu. Ils constituent des forces politiques qui dŽfient le Gouvernement et autant d'ŽlŽments susceptibles d'affecter sŽrieusement ˆ la sŽcuritŽ publique.

 Sur la normalisation des relations avec le Vatican, ce Document ajoute ˆ la condition traditionnelle que le Vatican ne s'immisce pas dans les affaires internes chinoises une nouvelle condition exigeant que le Vatican rompe ses relations avec Taiwan et adhre au principe de la Chine unique. Les autoritŽs doivent rechercher des solutions aux litiges concernant les biens immobiliers de l'Eglise, notamment en prenant ˆ l'Eglise ses biens si ce n'est que pour lui permettre de subvenir en indŽpendance ˆ ses besoins matŽriels tout en encourageant les catholiques ˆ rechercher le soutien d'investisseurs Žtrangers.

 Au moment des ŽvŽnements ˆ la place Tian An Men au printemps de 1989, les Eglises Patriotique et clandestine sont restŽes neutres. Pourtant, le State Council a Žmis le 2 fŽvrier un document intitulŽ Ç On Some Problems Concerning Further Improving Work On Religion È, plus souvent connu sous la dŽsignation Ç Document 6 È. Il vise les ŽlŽments hostiles venus de l'Žtranger qui utilisent la religion pour s'infiltrer dans le pays et y entreprendre des activitŽs conter l'intŽrt national. Il y est reconnu que le respect de la libertŽ de religion est diversement respectŽe sur le territoire e reproche ˆ certaines autoritŽs locales de ne pas suffisamment respectŽ ce principe constitutionnel.

 Le 4 aožt 1991, le National Education Committee a Žmis un document intitulŽ Ç Notice on the Prevention of Some Persons Using Religious Activities to Hinder School Education È.1 Son but Žtait de renforcer la sŽparation de la religion et de l'Žducation.

 Une seconde rŽunion de l'Eglise clandestine a ŽtŽ tenue au mois de juillet 1993 dans le nord de la Chine et a attirŽ une dizaine de personnes. A la liste usuelle des demandes affŽrant ˆ la libertŽ de religion appara”t pour la premire fois une demande que les familles catholiques ne soient pas obligŽes d'accepter les interruptions de grossesse.

 Les catholiques financent eux-mmes la construction de leurs Žglises dont quelque 4.000 avaient rŽnovŽ et construits jusqu'au milieu des annŽes 1990 avec une assistance Žtrangre ne dŽpassant pas 5% des budgets.

 Jusqu'en 1980, les catholiques n'avaient qu'une organisation, la Chinese Catholic Patriotic Association qui a alors Žtabli le Catholic Church Administrative Committee ainsi que le Bishops' Conference. Chaque organisation avait ses propres responsabilitŽs et les trois fonctionnaient en parallle. Sous l'impulsion du parti, cette configuration a ŽtŽ modifiŽe en soumettant le Catholic Church Administrative Committee ˆ la Bishops' Conference et Žrigeant la Bishops Conference en Ç essence de la Chinese Catholic Church È, en directeur de ses activitŽs et son reprŽsentant officiel vis-ˆ-vis de l'Žtranger.

 La Chinese Catholic Patriotic Association est l'organisation nationale composŽe de membres du clergŽ ainsi que de la•ques, dont la vocation consiste ˆ assister le Parti et le Gouvernement pour la mise en Ïuvre de la politique de libertŽ religieuse de promouvoir les Ïuvres sociales. L'autoritŽ suprme de la Chinese Catholic Church est le National Congress of Representatives qui est dotŽ des pouvoirs d'Žlire le comitŽ exŽcutif de la Bishops' Conference, son prŽsident, son vice-prŽsident et son secrŽtaire gŽnŽral, la composition de la direction de la Patriotic Association et la prŽparation de rapports ˆ l'attention de Bishops' Conference et de la Patriotic Association.

 Les Catholic Patriotic Associations et les Church Administrative Committees sont Žgalement organisŽs au niveau provincial et leurs membres sont Žlus par des Congrs de reprŽsentants. Leurs activitŽs sont encadrŽes par les National Patriotic Association et la Bishops' Conference.

 Selon le Document NĦ 3 des ComitŽs Centraux du Bureau du Parti et du State Council promulguŽ le 20 fŽvrier 1989:

Nous dŽsignons comme Ç clandestin È les Žvques ordonnŽs secrtement par le Vatican et les prtres que ces Žvques ont ˆ leur tour ordonnŽs et qu'ils contr™lent. Ces personnes constituent l'ossature du mouvement. La plupart d'entre eux croient au pape et dŽsapprouvent l'administration indŽpendante et autonome de l'Eglise. Seulement une petite minoritŽ utilise la religion comme prŽtexte pour s'opposer au Parti et au gouvernement, pour semer le dŽsordre et inciter les autres ˆ en faire de mme. Nous devons utiliser tous les moyens fiables pour augmenter notre contr™le sur eux. Nous devons gagner ˆ notre cause la majoritŽ en isolant les sources de problmes et appliquant une pression constante contre les rŽactionnaires. . . . Nous devons Žriger en exemple de ces individus clandestins qui continuent leur opposition enttŽe malgrŽ les efforts patients du Gouvernement pour les convaincre et qui continuent ˆ crŽer des problmes au sein de la communautŽ catholique et qui portent atteinte ˆ l'ordre social. Nous devons exposer publiquement leurs crimes et traiter sŽvrement en application de la loi.

 Selon le DŽpartement d'Etat des Etats-Unis, le ComitŽ Central du Parti Communiste a dŽcidŽ en 1999 de resserrer les contr™les sur l'Eglise Catholique Patriotique et d'Žliminer compltement l'Eglise clandestine. Ë cet effet, les autoritŽs ont procŽdŽ ˆ de frŽquentes mutations de personnel.

 Le premier octobre 2000, le Pape a canonisŽ 120 martyrs en Chine, dont de nombreux tuŽs pendant la RŽbellion des Boxeurs.

 Le Gouvernement chinois a considŽrŽ le geste d'autant plus provocant que le jour choisi pour la cŽlŽbration a correspondu ˆ la fte nationale chinoise.

 Les ecclŽsiastiques refusant de critiquer le geste du Vatican ont ŽtŽ sanctionnŽs. Les autoritŽs ont obligŽ les sŽminaristes catholiques ˆ Beijing ˆ suivre des cours d'instruction politique. Des opposants ont perdu leurs postŽs. Les enseignants Žtrangers au sŽminaire catholique officiel ˆ Xian ont ŽtŽ obligŽs de quitter le pays.

 Le SecrŽtaire du Gouvernement amŽricain dans son rapport sur la libertŽ de religion ˆ travers le monde a relevŽ en 2001 une importante campagne d'Žlimination des Žglises clandestines notamment dans la zone autour de Wenzhou ˆ l'est du pays. Selon de nombreux reportages dans la presse locale chinoise, dont Žtat a ŽtŽ fait dans la presse amŽricaine, les autoritŽs ˆ Wenzhou sur la c™te sont du pays ont dŽmoli un millier de sites religieux.

 Dans la Province de Hebei, les confrontations entre les autoritŽs et les catholiques clandestins ont ŽtŽ particulirement rudes. En 2003, le DŽpartement d'Etat amŽricain a observŽ que

de nombreux prtres et chefs la•cs catholiques ont ŽtŽ battus ou autrement abusŽs au cours de l'annŽe. . . Les autoritŽs de Hebei ont obligŽ de nombreux prtres et fidles clandestins ˆ choisir entre l'Eglise Patriotique ou des amendes, la perte de son travail, la dŽtention, et l'exclusion de leurs enfants de l'Žcole.

 On recenserait plusieurs ecclŽsiastiques catholiques en dŽtention dans la Province de Hebei: Monseigneur An Shuxin, Monsieur Zhang Weizhu, les Pres Cui Xing et Wang Quanjun et jusqu'en 2003, il n'y avait pas de nouvelles de l'Žvque Su Zhimin supposŽ avoir ŽtŽ arrtŽ, bien que les autoritŽs le nient.

 En 2002, ˆ la veille de la Semaine Sainte, Monseigneur Jia Zhiguo a ŽtŽ arrtŽ et dŽtenu pendant plusieurs jours, prŽsomptivement pour le persuader de se soumettre ˆ l'Eglise Patriotique. Le DŽpartement d'Etat dans son rapport 2002 cite de nombreuses organisations non gouvernementales comme tŽmoignant de cas d'arrestations et de brimades physiques infligŽes ˆ des chefs spirituels ainsi qu'aux fidles catholiques dans la Province de Hebei.  Dans la Province de Fujian, il y a eu une campagne gŽnŽrale de rŽpression en 1999 et 2000 qui se serait estompŽe ˆ partir de 2001, encore que l'arrestation de deux prtres clandestins avait dŽconcertŽ les fidles dans la clandestinitŽ. A Fuzhou, le vieil Žvque Yang Shudao a ŽtŽ arrtŽ en fŽvrier 2000 et les autoritŽs ayant annoncŽ qu'il serait en cours de soins mŽdicaux bien qu'il n'y ait encore eu aucun contact direct depuis l'extŽrieur par des organisations fiables.

 En Jiangxi, l'Žvque clandestin Zeng Jingmu aprs sa sortie de dŽtention en 1998 est rŽputŽ avoir ŽtŽ arrtŽ de nouveau en 2000 mais les autoritŽs ne nient alors en tout cas qu'il n'y a aucune nouvelle de l'intŽressŽ.

 A Shanghai, selon le DŽpartement d'Etat amŽricain, Monseigneur Joseph Fan Zhongliang restait en 2003 sous contr™le et ses dŽplacements Žtaient quelques fois restreints.

 A Beijing ˆ la veille de la Semaine Sainte en 2001, les autoritŽs ont arrtŽ Monseigneur Shi Enxiang et bien qu'elles ont annoncŽ sa rapide remise en libertŽ, il n'y avait aucune nouvelle de lui jusqu'en 2003.

 Selon le Livre Blanc du gouvernement chinois publiŽ en 2002, citŽ par le DŽpartement d'Etat, International Religious Freedom Report 2002: China (incluant Hong Kong and Macao), il y aurait Ç quelque 37 Žvques opŽrant dans la clandestinitŽ, dont 10-15 sont Žventuellement en prison ou sous rŽtention ˆ domicile È.

 Les relations entre l'Eglise Patriotique Catholique et l'Eglise Catholique ˆ Hong Kong sont interdites par les autoritŽs chinoises.

4.3. - La situation des protestants

 Les cultes protestants posent moins de problmes aux autoritŽs chinoises que lĠEglise catholique car ils sont beaucoup plus fragmentŽs que cette dernire.

 Les activitŽs liŽes ˆ la pratique des cultes protestants sont soumises ˆ lĠŽgide de deux organisations : le China Christian Council qui sĠimplique directement dans les affaires pastorales et le Three Self Patriotic Movement qui sĠintŽresse aux relations entre les Žglises individuelles et lĠEtat. Ses objets comprennent lĠencouragement du patriotisme, parmi les fidles, le renforcement de lĠunitŽ parmi les chrŽtiens, la protection de lĠunitŽ et de la stabilitŽ nationales, le dŽveloppement spirituel et matŽriel sous lĠinspiration du Parti Communiste et du Gouvernement.

 Dans son rapport affŽrant ˆ l'an 2002, le SecrŽtaire d'Etat amŽricain observe des cas de poursuites contres des Ç cultes È affiliŽs au protestantisme. Ainsi en dŽcembre 2001, Gong Shengliang, fondateur de la South China Church et sa nice Li Ying ont ŽtŽ condamnŽs ˆ la peine capitale entre autres raisons pour viol alors que deux tŽmoins ˆ charge ont ultŽrieurement renier leurs accusations qualifiŽes de forcŽes par les autoritŽs. Le DŽpartement d'Etat cite par ailleurs l'arrestation ˆ Liaoning du prŽdicateur Li Baozhi fondateur de l'Eglise Full Scope qui a ŽtŽ condamnŽ ˆ 2 ans de rŽŽducation par le travail, alors que deux fidles du groupe ont ŽtŽ condamnŽs ˆ des peines d'un an de rŽŽducation par le travail.

 Le SecrŽtaire d'Etat amŽricain cite dans son rapport 2002 plusieurs cas d'emprisonnement de Ç cultes È assimilŽs au protestantisme, dont Shui Xinlong, Wang Maochen et d'autres chefs de la SociŽtŽ des Disciples (Mentu Hui) ˆ Lintao dans le Gansu, et Qin Baocai et Mu Sheng, des fidles du prŽdicateur protestant clandestin Xu Yongze dŽsignŽ dans le rapport annuel de 1997 par le Gouvernement comme Ç culte È. Les autoritŽs ont accusŽ le groupe de prcher l'imminence de l'Apocalypse et d'avoir organisŽ des manifestations d'auto flagellation en public, ce qui est niŽ par les adeptes emprisonnŽs et libres.

 Le 8 dŽcembre 2002, ˆ Shanghai, une vingtaine de chrŽtiens rŽunis dans le domicile d'un fidle a ŽtŽ arrtŽ mais le chef spirituel, Xu Guoxing a ŽtŽ condamnŽ sans procs pŽnal ˆ 3 ans de rŽŽducation par le travail.

 Le 5 fŽvrier 2003, dans la Province de Fujian ˆ Xiamen, trois membres de la Blood and Water Holy Spirit Full Gospel Preaching Team ont ŽtŽ condamnŽs ˆ 7 d'emprisonnement pour avoir Ç utilisŽ une organisation ayant le caractre de culte pour violer la loi È. Ce mouvement a ŽtŽ fondŽ ˆ Taiwan en 1996 et a ŽtŽ banni en Chine en tant Ç qu'organisation d'infiltration illicite È.

 L'Eglise des Latter Day Saints (l'Eglise mormone) tient des assemblŽes dans diverses villes chinoises mais seuls les Žtrangers sont autorisŽs ˆ y participer. 
 

5. - Conclusion

 Faut-il conclure que la Chine viole la libertŽ de religion selon son sens en tant que droit fondamental protŽgŽ par le droit international public ?

 La Chine a signŽ et ratifiŽ le Pacte international relatif aux droits Žconomiques, sociaux et culturels qui en son article 2 (2) proscrit toute discrimination fondŽe sur la religion dans l'application des autres droits garantis par la Convention. Son article 13(3) garantit aux parents le droit Ç dĠorganiser lĠŽducation religieuse et morale selon leurs propres convictions È.

 Le Gouvernement n'accueille plus le Rapporteur SpŽcial des Nations Unies sur la libertŽ de religion ou de conviction pour y effectuer des visites conformes ˆ son mandat. Le dernier rapporteur sur lĠintolŽrance religieuse ayant visitŽ la Chine a dressŽ en 1994 un rapport tellement critique que les autoritŽs ont apparemment prŽfŽrŽ ne pas renouveler lĠexpŽrience.  Selon Human Rights Watch/Asia, dans son rapport Ç China : State Control of Religion È, publiŽ en 1997, la rŽglementation chinoise violerait en plusieurs points les articles 18, 19 et 20  de la DŽclaration universelle des droits de lĠhomme.  Elle violerait Žgalement les dispositions dĠune rŽsolution adoptŽe par lĠAssemblŽe GŽnŽrale des Nations Unies, la Ç DŽclaration concernant lĠŽlimination de toutes formes dĠintolŽrance et de discrimination sur la base de la religion ou de la foi È.

 Dans son rapport sur la libertŽ de religion ˆ travers le monde en 2002, le SecrŽtaire d'Etat amŽricain conclut que dans certaines rŽgions, les autoritŽs chargŽes de la sŽcuritŽ ont utilisŽ les menaces, la dŽmolition de biens non enregistrŽs, l'extorsion d'amendes, les interrogatoires, la dŽtention et quelques fois les coups et la torture pour harceler les personnalitŽs et les fidles de religions clandestines.

 Un an plus tard, le SecrŽtaire d'Etat amŽricain  conclut qu'il y a eu des Ç dizaines de cas de fermeture de mosquŽes, de temples, de sŽminaires, d'Žglises clandestines, dont certaines disposant de nombreux fidles, et des biens, des ressources financires et des rŽseaux importants È. Les autoritŽs ˆ Beijing et dans les Provinces de Henan, Shandong, Guangxi et Hebei auraient ŽtŽ particulirement actives et sŽvres.

 

ANNEXE

La vie religieuse et chrŽtienne en Chine contemporaine 
 

 Il y a aurait en Chine contemporaine quelque 100 millions de pratiquants de l'une ou l'autre des religions prŽsentes sur le territoire.

 L'adhŽsion ˆ des Žglises organisŽes au sens judŽo-chrŽtien n'est pas un phŽnomne rŽpandu dans la Chine contemporaine. Mais, ˆ cause des importantes concentrations de certaines minoritŽs dans des zones prŽcises, comme les musulmans dans la Province de Xinjiang et les bouddhistes dans la RŽgion Autonome du Tibet, la rŽgulation de la religion revt pour l'Etat une importance stratŽgique.

 Les estimations, mme officielles, des paramtres des activitŽs religieuses s'avrent trs variables.

 Selon le Parti Communiste, il y avait ˆ la LibŽration en 1949 quelque 8.000.000 de musulmans, nombre qui a ŽtŽ augmentŽ ˆ 10.000.000 en 1981 en corrŽlation avec l'augmentation des populations d'ethnies minoritaires. Alors qu'il y avait ˆ la LibŽration 2.700.000 catholiques, leur nombre en 1981 correspondait ˆ 3.300.000. Le nombre de protestants avait augmentŽ au cours de la mme pŽriode de 700.000 ˆ 3.00.000. Le bouddhisme et le tao•sme continuent ˆ exercer une Ç influence considŽrable È sur le peuple han et attire l'adhŽsion des l'intŽgralitŽ des populations tibŽtaines et mongoles et de minoritŽs dans le Liaoning. Le Parti reconna”t par ailleurs que mme parmi le peuple han beaucoup croient aux esprits sans pour autant qu'un grand nombre s'affilient ˆ une religion. Toute augmentation du nombre absolu des croyants depuis la RŽvolution est relativisŽe en faisant remarquer que le pourcentage de la population totale pratiquant des religions a en fait baissŽ au cours de la pŽriode. Le Parti reconnaissait aussi en 1982 59.000 Ç professionnels de la religion È, dont 27.0000 moines  et nonnes bouddhistes, 2.600  prtres et sÏurs tao•stes, 20.000 membres du clergŽ musulman, 3.400 membres du clergŽ catholique, et 5.900 membres du clergŽ protestant. Ë la LibŽration, le Parti recensait quelque 100.000 lieux d'activitŽs religieuses, la baisse ˆ 30.000 en 1982 correspondant surtout ˆ la dŽvastation infligŽe aux sites pendant la RŽvolution Culturelle.

 Au moment de la prise de pouvoir par les communistes en 1949, la plus grande concentration de catholiques se trouvait ˆ Shanghai o l'on a recensŽ une communautŽ de plus de 110,000 dans le diocse local. Aprs son anŽantissement pendant la RŽvolution Culturelle, l'Eglise est ressuscitŽe ˆ la suite de la rŽorientation de la politique gouvernementale et le nombre d'adhŽrents ˆ l'Eglise Patriotique avait atteint en 1988 selon les estimations officielles 3 ˆ 4 millions, 8 millions selon des estimations officieuses fiables. Au milieu des annŽes 1980, l'Eglise Patriotique annonait l'adhŽsion de quelque 3,5 ˆ 4 millions d'adultes, excluant de ses chiffres donc les enfants. De nombreuses autres sources concordent sur des estimations de quelque 10 millions de fidles en tout ˆ cette Žpoque.

 Le protestantisme a ŽtŽ introduit en chine 1807 par un pasteur britannique. Actuellement 70% de ses quelque 16 millions de pratiquants habitent ˆ la campagne.

 Depuis 1949, le nombre de protestants en Chine a dŽcuplŽ, dŽsormais dŽpassant largement la population catholique. Depuis les annŽes 1980, environ 600 Žglises protestantes ont ŽtŽ ouvertes par an, mais selon certaines sources, les demandes d'ouverture mme par les Žglises patriotiques ne sont pas toujours acceptŽes. 
  
 

 

Statistiques officielles (http://english.peopledaily.com.cn/features/religion/religion1.html)

Bouddhisme dont- TibŽtains

Nombre de sites : 13.000 (dont 3.000 lama•stes)

Nombre de clergŽs : 200.000 moines et nonnes (dont 200.000 lama•stes)  

Nombre de fidles : 60.000

Tao•sme

Nombre de sites : 1.500

Nombre de clergŽs : 25.000 moines et nonnes

Nombre de fidles 
 : 6.000.000

 

Islam

Nombre de sites : 30.000 mosquŽs

Nombre de clergŽs : 40.000 immams et akhunds

Nombre de fidles : 18.000.000

 

Catholicisme

Nombre de sites : 4.600 Žglises et lieux de culte

Nombre de clergŽs : 4.000 membres du clergŽ

Nombre de fidles : 4.000.000


 

Protestantisme

Nombre de sites : 25.000 Žglises et lieux de culte

Nombre de clergŽs : 18.000 membres du clergŽ

Nombre de fidles : 10.000.000


 

Pratiquants de religions dans la clandestinitŽ

(Livre Blanc du Gouvernement chinois publiŽ en 2002, citŽ par le DŽpartement dĠEtat, International Religious Freedom Report 2002: China (includes Hong Kong and Macao)

Protestants 
 :   31.200.000 ˆ 84.500.000

Catholiques fidle ˆ Rome :   5.200.000 ˆ10.400.000

On dŽnombrerait quelque 30.000 sites religieux Ç ˆ domicile È o les chrŽtiens pratiquent ensemble.

 Un Žditeur de bibles en Chine fonctionnant sous forme de ÇsociŽtŽ en coopŽration (Ç he zuo qi ye È) avec une organisation religieuse Žtrangre a imprimŽ depuis 1987 quelque 25 millions d'exemplaires y compris dans plusieurs langues Žtrangres et langues de minoritŽs locales. Ces bibles sont vendues surtout dans les Žglises patriotiques. Certains pratiquants dans les Žglises clandestines refusent de s'y approvisionner car l'achat peut impliquer l'Žtablissement d'une quittance et donc le besoin de s'identifier. Le manque de bibles est chronique dans les milieux ruraux.

 La religion catholique en Chine est caractŽrisŽe par un schisme entre les adhŽrents de l'Eglise Patriotique et ceux prtant allŽgeance au Vatican qui sembleraient, selon certaines estimations, se rŽpartir ˆ peu prs en parts Žgales les quelque 10 millions de pratiquants. Entre 1958 et 1995, 126 Žvques catholiques ont ŽtŽ nommŽs et tous les ans une petite centaine de prtres catholiques est ordonnŽe. Selon le Livre Blanc du Gouvernement chinois publiŽ en 2002, citŽ par le DŽpartement d'Etat, International Religious Freedom Report 2002 : China (includes Hong Kong and Macao), le Gouvernement chinois dit avoir approuvŽ 69 Žvques catholiques actuellement en exercice.

 En lĠan 2000, on a recensŽ 2.200 prtres catholiques dont les troisuarts ordonnŽs depuis 1988. LĠ‰ge moyen des Žvques 78 ans. Il y aurait 19 sŽminaires et cinq centres prŽparatoires intŽgrant quelques 1.000 sŽminariens. Il y en aurait encore 700 dans les sŽminaires clandestins.

 Plus de 3.000 fidles assistent ˆ l'office protestant tous les dimanches dans l'Žglise de Chongwenmen ˆ Beijing o George Bush et Bill Clinton ont assistŽ ˆ des cŽlŽbrations religieuses.

 La capitale chinoise comporte quelque 17 Žglises catholiques. Les fidles sont au nombre d'environ 2.000 ˆ la Messe dominicale cŽlŽbrŽe ˆ la CathŽdrale catholique de Nantung ˆ Beijing.

 A l'Eglise protestante de Gangwashi ˆ Beijing on vendrait quelque 20.000 bibles par an et plus encore d'autres livres ˆ caractre religieux.

 Souvent les autoritŽs cooprent avec les organisations caritatives fournissant des services sociaux utiles en particulier pour les pauvres et les marginaux mais ˆ condition d'Žviter le prosŽlytisme religieux.

 Les Žcoles religieuses ˆ travers le pays sont gŽrŽes par les en autonomie, dont le Chinese Catholic Seminary et le Jinling Union Protestant Theological Seminary. Ces Žcoles peuvent recevoir des dons de l'Žtranger ˆ condition qu'ils ne compromettent pas l'indŽpendance de l'Žtablissement. Dans les Žcoles dites religieuses, l'essentiel de la formation concerne la religion confessionnelle.

 Les organisations nationales maintiennent des relations avec des organisations de fidles et des Žglises ˆ l'Žtranger. Ainsi, les Žglises patriotiques ont envoyŽ des reprŽsentants aux ConfŽrences Mondiales sur la Religion et la Paix, l'Eglise Patriotique Catholique a participŽ ˆ la JournŽe Mondiale de la Jeunesse Catholique et le Conseil de la ChrŽtientŽ de Chine s'est affiliŽ ˆ la Ç World Council of Churches È. 
  
  


 

 

 

 

DANIEL ARTHUR LAPRES

Cabinet d'avocats

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