Cabinet d'avocats
Le risque pŽnal dans leurs
relations d'affaires avec
la RŽpublique Populaire de Chine
par
Daniel Arthur Laprs[1]
PubliŽ dans la Semaine Juridique,
15 mars 2007, N¡ 11, p. 1341
Le choc entre la culture d'affaires en RŽpublique Populaire de
Chine et l'objectif de bonne gouvernance des entreprises imposŽ par les normes
conventionnelles et nationales dans les pays dŽveloppŽs engendre pour les
partenaires Žtrangers des entreprises chinoises des conflits dont les
traitements pourront dŽsormais engager leur responsabilitŽ pŽnale en Chine
ainsi que dans leurs pays d'origine.
Par rapport aux
rŽgimes pratiquŽs en Occident, le droit pŽnal chinois couvre un champ plus
vaste et applique des sanctions plus sŽvres avec moins de respect pour les
droits de la dŽfense.
Les autoritŽs chinoises se sont engagŽes ˆ instaurer une
gouvernance des entreprises conforme aux normes internationales et, s'agissant
du droit pŽnal des affaires, elles ont dŽfini une vaste gamme d'infractions
incluant la corruption, le blanchiment d'argent, les atteintes ˆ l'ordre du
marchŽ, ˆ l'ordre des entreprises, ou ˆ l'ordre de l'administration financire,
les atteintes aux droits de la propriŽtŽ intellectuelle, les fraudes
financires, et la mise en circulation de produits frauduleux ou de mauvaise
qualitŽ.
*
* *
1. - Introduction
1.1. - Le dŽlabrement de mÏurs dans le monde des
affaires en RPC
1.2. - Le dilemme pour les entreprises Žtrangres
2. - Introduction au droit pŽnal chinois et ˆ la
procŽdure pŽnale chinoise
2.1. - Les sources du droit pŽnal chinois et de la
procŽdure pŽnale chinoise
2.2. - L'administration du droit
pŽnal chinois
2.3. - Le champ d'application de la loi pŽnale
chinoise
2.4. - La responsabilitŽ
pŽnale
2.5. - La procŽdure pŽnale et les droits de la
dŽfense
2.6. - Les sanctions pŽnales
3. - Les activitŽs Žconomiques
incriminŽes
3.1. - Les dŽlits d'expression
d'opinion
3.2. - La corruption
3.3. - Le blanchiment d'argent
3.4. - Les atteintes ˆ l'ordre des
sociŽtŽs et des entreprises
3.5. - Les atteintes ˆ l'ordre de l'administration
financire
3.6. - Les fraudes financires
3.7. - Les atteintes ˆ la collecte et ˆ
l'administration des imp™ts
3.8. - Les atteintes aux droits de la propriŽtŽ
intellectuelle
3.9. - Les produits frauduleux ou
de mauvaise qualitŽ
3.10. - La contrebande
3.11. - Les activitŽs Žconomiques illicites portant
atteinte ˆ l'ordre du marchŽ
*
* *
1. - Introduction
Dans leurs relations d'affaires avec la RŽpublique Populaire de
Chine (RPC), les entreprises Žtrangres sont exposŽes au risque pŽnal sur deux
plans.
D'abord, elles supportent les consŽquences de leurs actes que les
tribunaux chinois jugent comme soumis ˆ leur compŽtence et comme rŽgis par la
loi locale. Aussi, le domaine pŽnal Žtant plus Žtendu qu'en Occident, les
droits de la dŽfense moins protecteurs[2] et la rŽpression plus sŽvre, il y aura lieu pour les entreprises
Žtrangres de veiller ˆ ne pas transposer mŽcaniquement leurs pratiques
nationales sur le territoire chinois. Une caractŽristique du droit pŽnal
chinois est que quasiment tout comportement illicite est susceptible d'tre
poursuivi au titre du droit pŽnal ds lors que son envergure ou ses
consŽquences atteignent une certaine importance estimŽe selon des critres, et
sujette ˆ des seuils, variables selon les actes, selon les lois et mme en
fonction de la juridiction saisie.
Le potentiel pour conflit chez les entreprises
Žtrangres entre leurs situations juridiques en RPC et les contraintes dans
leurs pays d'origine a ŽtŽ amplement illustrŽ par les difficultŽs ŽprouvŽes par
les sociŽtŽs amŽricaines exploitant des sites internet en RPC qui ont mme ŽtŽ
amenŽes ˆ dŽnoncer aux autoritŽs chinoises des journalistes ensuite condamnŽs
pour violation des limitations en droit chinois ˆ la libertŽ d'expression,
lesquelles restrictions font l'objet de critiques gŽnŽralisŽes ˆ l'Žtranger
comme contraires aux droits de l'homme.[3]
Ensuite, les entreprises Žtrangres en relation d'affaires avec la
RPC doivent rendre compte de leurs actes au regard de la rŽglementation dans
leur pays d'origine o leurs dŽlits en RPC selon la loi chinoise et/ou selon la
loi de leur pays d'origine sont susceptibles de fonder des poursuites devant
leurs juridictions nationales.
1.1. - Le dŽlabrement de mÏurs
dans le monde des affaires en RPC
En RPC, la corruption, la fraude[4] et les autres
dŽlits Žconomiques sont notoirement endŽmiques dans le monde des affaires.[5] Ainsi, selon
certaines estimations, la corruption en Chine correspondrait ˆ 3-5% du produit
intŽrieur brut[6] alors que
Transparency International annonce que 77 pays sont perus comme moins
corrompus que la Chine.[7]
Le montant des fonds blanchis annuellement en Chine
atteindrait Û 20 milliards dont la part accumulŽe ˆ l'Žtranger correspondrait ˆ
Û 50 milliards ce qui serait l'Žquivalent approximatif d'un an
d'investissements Žtrangers sur le territoire.[8]
Pourtant la cause de ce dŽlabrement des mÏurs dans
le monde des affaires n'est ni le manque de normes qui s'avrent au contraire
plŽthoriques (ce que nous nous attacherons ˆ dŽmontrer ci-dessous), ni le
manque de poursuites puisque le procuratorat en annonce des centaines de
milliers.[9]
Plut™t, l'application des sanctions pŽnales demeure
si alŽatoire en matire Žconomique que le risque de punition n'est finalement
pas dissuasif.[10]
Cette incohŽrence entre la volontŽ d'assainir le
monde des affaires et les moyens y consacrŽs, d'une part, et l'Žchec constatŽ,
d'autre part, tient ˆ plusieurs facteurs.
S'agissant du plus irrŽductible des dŽlits dans le
monde des affaires chinois, la corruption, selon le Procuratorat auprs de la
Cour Populaire Suprme, entre 1998 et 2002, les tribunaux ont certes prononcŽ
83.300 condamnations pŽnales pour corruption[11] mais ceci ne
correspond qu'ˆ un chinois sur 50.000 parmi la population active.[12]
Ë peine 6% des membres du Parti Communiste Chinois
dŽclarŽs coupables de corruption par les instances internes du Parti sont
traduits devant les juridictions pour des infractions pŽnales.[13]
Quand bien mme qu'il soit normal en droit chinois
de caractŽriser un acte comme pŽnal en fonction de sa gravitŽ, il demeure que
les franchises de la pŽnalisation de la corruption sont hissŽes ˆ des niveaux
qui laissent au trafic d'influence en tous genres un r™le important dans le
monde des affaires. En particulier, les avantages concŽdŽs en Žchange d'une
faveur administrative ou officielle qui ne dŽpassent pas RMB 5.000 pour les
individus[14] et RMB
200.000 pour les entreprises Žchappent ˆ la pŽnalisation,[15] quitte (au
moins en thŽorie) ˆ assumer le risque de subir des sanctions administratives ou
d'tre poursuivi en rŽparation par les victimes.
MalgrŽ son tissu conventionnel pour l'entraide
juridique, la Chine n'a rŽussi ˆ faire rapatrier qu'une petite fraction des
personnes s'Žtant enfuies ˆ l'Žtranger dont les trois quarts sont des cadres
supŽrieurs d'entreprises d'Etat ou hauts fonctionnaires poursuivis pour des
dŽlits de corruption.[16]
1.2. - Le dilemme pour les entreprises Žtrangres
Les entreprises Žtrangres en Chine sont
inŽluctablement conduites ˆ arbitrer les avantages de pratiquer des politiques
ˆ la corde raide pour saisir des opportunitŽs historiques aux dŽpens de
concurrents souvent tŽmŽraires contre la probabilitŽ relativement faible de
poursuites pŽnales qui, en tout cas, ne donneraient pas lieu ˆ des sanctions
insupportables, du moins en Chine.
Or les autoritŽs chinoises mnent le combat pour l'assainissement
du monde des affaires autant au plan international qu'au plan interne. La RPC a
conclu des 24 traitŽs bilatŽraux d'entraide judiciaire et 19 traitŽs bilatŽraux
d'extradition. Elle bŽnŽficiera donc du soutien d'autoritŽs Žtrangres moins
permŽables que ne le sont les instances internes pour combattre la corruption
et la criminalitŽ dans les affaires sur leur territoire. En plus, les
informations communiquŽes aux autoritŽs des pays partenaires de la Chine dans
la lutte contre la criminalitŽ leur permettront dans certains cas de lancer des
investigations et des poursuites sur leurs propres territoires.[17]
ConsidŽrant que la France, la RPC et 28 autres Etats ont ratifiŽ la
Convention de l'ONU contre la corruption, entrŽe en vigueur le 14 dŽcembre
2005,[18] qui vise ˆ combattre la corruption dans les secteurs privŽs et
publics et que, selon la dŽfinition dans la Convention, les salariŽs des
Entreprises d'Etat (State-Owned Enterprises - SOEs) sont vraisemblablement des
Ç agents publics È, toute entreprise Žtrangre rŽgie par la loi d'un
Etat partie ayant des relations avec une Entreprise d'Etat en Chine engagerait
sa responsabilitŽ dans son droit national pour ses actes de corruption en
Chine. Les entreprises et leurs conseils retiendront en particulier les
engagements conventionnels dŽtaillŽs en
matire de coopŽration pour la rŽalisation d'enqutes policires et
d'actions judiciaires.
Ensuite, les Etats Parties ˆ la Convention de l'Organisation pour
la CoopŽration et le DŽveloppement Economique (OCDE) pour lutter contre la
corruption des agents publics Žtrangers signŽe ˆ Paris le 17 dŽcembre 1997 ont
l'obligation d'appliquer des sanctions pŽnales ˆ la corruption par leurs
ressortissants des Ç agents publics È appartenant mme ˆ des pays
non-membres de la Convention, y compris donc en Chine. La dŽfinition de
l'expression Ç agent public Žtranger È dans cette Convention est
Žgalement susceptible d'tre interprŽtŽe comme incluant les salariŽs des
Entreprises d'Etat en Chine.
D'autre part, les entreprises sises dans des Etats et territoires
participant au Groupe d'Action Financire (GAFI), dont la plupart des pays de
l'OCDE, retiendront que leurs lois nationales doivent s'appliquer aux actes
accomplis dans les pays non-participant entrepris en relation avec le
blanchiment d'argent sur leur territoire national.
2. - Introduction au droit pŽnal chinois et ˆ la procŽdure
pŽnale chinoise
Trs rapidement aprs le lancement
de la rŽforme par Deng Xiao Ping en 1978, une nouvelle Loi pŽnale[19] a ŽtŽ adoptŽe pour amŽliorer la
protection des citoyens en dŽpolitisant le processus pŽnal et en le soumettant
ˆ la loi Žcrite. En effet, aprs la RŽvolution Communiste en 1949 et
l'abolition de toutes lois du Gouvernement Nationaliste, les tribunaux avaient
fonctionnŽ sans loi pŽnale Žcrite en s'inspirant de recommandations politiques
pour rendre leurs jugements. Pendant la RŽvolution Culturelle de 1966 ˆ 1976,
le systme judiciaire est passŽ sous contr™le de l'armŽe et il a ŽtŽ
intŽgralement asservi aux objectifs politiques.
Aprs 20 ans de rŽforme, la Loi
pŽnale a subi une rŽvision importante pour l'adapter aux nouvelles conditions
Žconomiques et sociales. Ë cette occasion, la responsabilitŽ des personnes morales
(danwei) a ŽtŽ introduite, un nouveau chapitre a crŽŽ des infractions
constituŽes d'atteintes portŽes ˆ l'ordre de l'Žconomie de
marchŽ socialiste et un autre nouveau chapitre a visŽ spŽcifiquement
la corruption et le trafic d'influence.
2.1. - Les sources du droit pŽnal chinois et de la procŽdure
pŽnale chinoise
Le droit pŽnal chinois consiste en
normes constitutionnelles,[20] de celles prŽvues dans la Loi
pŽnale et dans la Loi relative ˆ la procŽdure pŽnale et de celles stipulŽes
dans la quasi-totalitŽ des lois et des rglements comme susceptibles d'tre
appliquŽes dans les cas d'infractions graves ˆ leurs dispositions. Les
interprŽtations de la Cour Suprme de la pŽnale et de la loi relative ˆ la
procŽdure pŽnale s'imposent aux tribunaux infŽrieurs.[21] De manire similaire, le
procuratorat auprs de la Cour Populaire Suprme en matire pŽnale fournit des
guides complŽmentaires pour les procuratorats aux Žchelons infŽrieurs.
Des exemples de loi comportant un
volet pŽnal significatif pour la gestion des entreprises plus amplement
ŽvoquŽes ci-dessous sont la Loi relative au commerce Žtranger,[22] la Loi relative aux sociŽtŽs,[23] la Loi relative aux valeurs
mobilires,[24] la Loi contre la concurrence
dŽloyale,[25] et la toute nouvelle Loi contre le
blanchiment d'argent.[26]
Le rglement de la State
Administration of Industry and Commerce (SAIC) N¡ 80 pour combattre la
corruption adoptŽ en application de la loi relative ˆ la lutte contre la
concurrence dŽloyale fournit un exemple de rŽglementation comportant un volet
pŽnal.[27]
2.2. - L'administration du droit pŽnal chinois
Le droit
pŽnal est administrŽ par les procuratorats et les tribunaux aux niveaux (i)
national, (ii) provincial ou des rŽgions autonomes ainsi que des villes sous
administration directe du gouvernement central. Le Ministry of Supervision et
le China National Account Office exercent des contr™les sur les activitŽs des
fonctionnaires et le Parti Communiste Chinois par sa Commission centrale de
discipline se charge des Žcarts des membres du Parti. De nombreuses autres
organisations ont ŽtŽ Žtablies par des gouvernements ˆ tous les niveaux pour
combattre la corruption.[28] Par exemple, la People's Bank of
China (PBOC) a Žmis des rgles pour guider les institutions financires dans la
lutte contre le blanchiment d'argent et la State Administration of Foreign
Exchange (SAFE) contr™le les opŽrations financires importantes ou douteuses.
En gŽnŽral,
les infractions font l'objet d'investigations par la police sous la direction
et responsabilitŽ du Ministre de la SŽcuritŽ Publique avant d'tre dŽfŽrŽes le
cas ŽchŽant au procuratorat sous l'autoritŽ ultime du Procuratorat auprs de la
Cour Populaire Suprme.
Le Ministre et le Procuratorat
auprs la Cour ont chacun Žtabli des services spŽcialisŽs dans la lutte contre
la corruption.
Le Procurateur auprs la Cour
Populaire Suprme et le PrŽsident de la Cour sont nommŽs et rŽvoquŽs par l'APN.[29] Les travaux du procuratorat
rattachŽ ˆ la Cour Populaire Suprme ainsi que ceux de la Cour elle-mme sont
soumis au contr™le du ComitŽ Permanent de l'APN.[30]
L'indŽpendance des procurateurs et
des juges est garantie par les articles 126 et 131 de la Constitution.
S'agissant des cas impliquant des
hautes personnalitŽs de l'Etat, le procuratorat auprs la Cour Populaire Suprme
prend directement en charge leur instruction avant de les transmettre si les
preuves sont suffisantes ˆ la commission de discipline du Parti pour renvoi le
cas ŽchŽant au ComitŽ Permanent du ComitŽ Central du Parti.[31]
2.3. - Le champ d'application de la loi pŽnale chinoise
Sauf disposition particulire, le
droit pŽnal local est appliquŽ par les tribunaux chinois aux infractions[32] commises sur le territoire de la
RPC ainsi qu'ˆ ceux commis sur les navires et les aŽronefs chinois. Surtout, il
y aura lieu de remarquer que la Loi pŽnale chinoise sera appliquŽe aux
infractions dont un acte ŽlŽmentaire a lieu, ou dont les consŽquences se
produisent sur le territoire de la RPC. Un site internet hŽbergŽ et gŽrŽ en
dehors de la RPC est nŽanmoins soumis ˆ sa loi pour autant que le site est
accessible ˆ partir d'ordinateurs sur le territoire de la RPC.
Les
Žtrangers bŽnŽficient de l'ŽgalitŽ devant la loi et la procŽdure pŽnales, si ce
n'est que les instances pŽnales les concernant sont initiŽes au niveau des juridictions
du deuxime degrŽ. Aussi, les Žtrangers sont exposŽs ˆ la dŽportation ˆ cause
de leurs infractions pŽnales. Les Žtrangers, comme les peuples minoritaires
non-sinisants ont droit ˆ l'intervention d'un interprte dans les procŽdures
pŽnales.
S'agissant de la criminalitŽ des entreprises Žtrangres, les
membres de leur personnel sont le plus souvent exposŽs ˆ des peines moins
sŽvres que les chinois comparses dans la criminalitŽ Žconomique. En effet, le
droit chinois punit plus sŽvrement les fonctionnaires qui proposent et
reoivent des avantages en Žchange de services officiels que les donneurs
sollicitŽs que seront le plus souvent les entreprises Žtrangres. Aussi, il
semblerait que dans les rares cas de poursuites contre les entreprises Žtrangres,
les ressortissants Žtrangers ont pu nŽgocier des traitements allŽgŽs en Žchange
de leurs dŽnonciations des cibles primordiales des autoritŽs chinoises qui sont
les agents publics chinois. Mais, considŽrant la sŽvŽritŽ des peines de base
encourues, ce ne sera que de maigre consolation aux premiers Žtrangers
poursuivis et condamnŽs dans quelque r™le que ce soit.
2.4. - La responsabilitŽ pŽnale
Selon l'article
13 de la Loi pŽnale, pour qu'un acte soit pŽnalement rŽprŽhensible, il doit
tre interdit par la loi.
Les infractions pŽnales peuvent tre intentionnelles ou
non-intentionnelles. Les sanctions pŽnales ne sont appliquŽes aux actes
non-intentionnelles qu'en cas de disposition lŽgislative spŽcifique.
La loi pŽnale chinoise sanctionne les prŽparatifs ˆ la commission
d'infractions, les tentatives, les actes de complicitŽ et les instigations. Les
co-auteurs d'infractions en sont solidairement responsables. Un syndicat du
crime peut tre rŽputŽ constituŽ par aussi peu que trois personnes.
Les actes pŽnalement rŽprŽhensibles ne sont pas poursuivis lorsque
les prŽjudices causŽs ne sont pas importants. Le droit pŽnal chinois admet les
dŽfenses de cause irrŽsistible ou imprŽvisible indŽpendante de la volontŽ ou de
la nŽgligence de l'auteur, d'incapacitŽ ˆ reconna”tre ou ˆ contr™ler son
comportement, de lŽgitime dŽfense et de nŽcessitŽ.
La responsabilitŽ pŽnale peut tre imputŽe aux sociŽtŽs,
entreprises, institutions, organisations et groupes dans lequel cas elle le
sera Žgalement au responsable hiŽrarchique et aux personnes directement
responsables des actes incriminŽs.
2.5. - La
procŽdure pŽnale et les droits de la dŽfense
La Loi relative ˆ la procŽdure pŽnale[33] garantit les droits de la dŽfense
dans l'abstrait, mais en droit chinois l'accusŽ n'a pas le droit de garder le
silence mme quand ses rŽponses risquent de l'incriminer. Bien que la torture
et la coercition soient interdites,[34] les confessions obtenues par ces
mŽthodes sont admissibles en tant que moyen de preuve et leur pratique est
courante. Le contr™le judiciaire des personnes souponnŽes d'infractions est
prŽvu par la loi, mais la dŽtention provisoire est presque systŽmatique. La
durŽe maximale de la dŽtention provisoire avant le procs de jugement est
stipulŽe comme correspondant ˆ un an.
Le plus souvent, une poursuite pŽnale a son origine dans une
enqute policire ˆ la suite d'un dŽp™t de plainte par des autoritŽs, des
unitŽs ou des individus ayant constatŽ des infractions, ou par leurs victimes.
Les plaintes peuvent tre dŽposŽes auprs de la police, du procuratorat et des
tribunaux. Aprs investigation, l'autoritŽ saisie de la plainte dŽcide d'ouvrir
ou non une procŽdure pŽnale.
Aprs qu'une procŽdure pŽnale est ouverte, le suspect est convoquŽ
aux services de la sŽcuritŽ publique pour avouer ou nier sa culpabilitŽ. Le
suspect peut tre retenu pour une pŽriode de douze heures, renouvelable un
nombre de fois indŽterminŽ. Si la police dŽcide d'arrter le suspect, elle doit
normalement en informer le procuratorat dans les trois jours, dŽlai qui peut
tre, dans les cas exceptionnels, prorogŽ d'un ˆ trois jours et qui est fixŽ ˆ
30 jours en cas d'infractions commises en bande organisŽe ou sur des lieux
multiples. Ainsi, la police peut retenir des suspects sur sa propre intiative
pour des durŽes pouvant atteindre 37 jours, pŽriode qui peut tre prorogŽe en
ouvrant une nouvelle procŽdure pŽnale par rapport ˆ des faits annexes.
Au-delˆ de cette premire pŽriode, la police ne peut dŽtenir les
suspects que sur mandat du procuratorat.
Dans les sept jours suivants la rŽception de la demande, le
procuratorat doit dŽcider de prolonger la dŽtention ou de remettre le suspect
en libertŽ Žventuellement en assignation ˆ rŽsidence ou sous contr™le
administratif.
Dans les 24 heures du dŽbut d'une mise en dŽtention, la famille et
l'unitŽ de travail du dŽtenu sont informŽs du lieu et des raisons. Dans ce mme
dŽlai, les personnes dŽtenues ont la facultŽ de dŽsigner des avocats qui
peuvent ds lors apprendre la nature de l'infraction en cause ; ils peuvent
aussi rencontrer le suspect (gŽnŽralement en la prŽsence de la police) et
demander aux tribunaux d'ordonner sa remise en libertŽ.
Les perquisitions sont autorisŽes sans nŽcessitŽ d'ordonnance
juidiciare ni mme de justification fondŽe sur des ŽlŽments objectifs.
La charge de la preuve est satisfaite lorsque Ç les faits sont
clairs et que les preuves sont fiables et sufffisants È.
2.6. - Les sanctions pŽnales
La gamme
des sanctions comporte :
- le contr™le,[35]
- la dŽtention correctionnelle,[36]
- l'emprisonnement de longue durŽe,[37]
- la rŽclusion ˆ vie et
- la peine capitale[38] (par exemple, en cas d'infractions
exceptionnellement graves de mise en circulation de fausse monnaie, ou de
contrebande, de fraudes fiscales, ˆ l'assurance, dans un appel public ˆ
l'Žpargne ou utilisant des effets de commerce),
auxquelles peuvent s'ajouter ˆ titre complŽmentaire des amendes, la
confiscation de propriŽtŽ, des privations de droits et, pour les Žtrangers, la
dŽportation.
En gŽnŽral,
les infractions de nature sŽrieuse ou engendrant des consŽquences graves sont
passibles de dŽtention criminelle pendant moins de trois ans, les infractions
Ç trs graves È ˆ des peines de longue durŽe durant de trois ˆ dix
ans, et celles exceptionnellement graves ˆ la rŽclusion ˆ vie ou ˆ la peine
capitale.[39] En termes monŽtaires, les seuils
de ce qui est suffisamment Ç grave È ou Ç important È pour
mŽriter en plus d'Žventuelles sanctions administratives et/ou civiles des
sanctions pŽnales se situent souvent pour les comportements individuels ˆ quelques
milliers de renminbi ; au-delˆ d'une centaine milliers de renminbis
l'infraction sera typiquement considŽrŽe comme Ç trs grave È ou
Ç trs importante È. Souvent la responsabilitŽ pŽnale des entreprises
n'est engagŽe qu'ˆ des seuils plus ŽlevŽs que ceux applicables aux individus.
Quand une unitŽ est condamnŽe
pŽnalement, il lui est infligŽ une amende et les personnes responsables (les
auteurs) et les autres personnes directement responsables (leurs chefs
hiŽrarchiques) sont passibles des peines gŽnŽrales.[40]
Selon certains sources, le taux de
rŽcidive aprs une peine d'emprisonnement ne dŽpasserait pas les 10%.[41]
3. - Les activitŽs Žconomiques incriminŽes
La Loi pŽnale elle-mme qualifie en
atteinte ˆ l'ordre de l'Žconomie de marchŽ socialiste les huit classes
d'infractions pŽnales exposŽes ci-dessous. La Loi pŽnale prŽvoit aussi des
sanctions en cas d'atteintes graves ˆ la santŽ publique ou ˆ l'environnement.
Aussi de nombreuses autres lois
ainsi que des rglements innombrables prŽvoient des poursuites pŽnales pour les
infractions ˆ leurs dispositions dans les cas graves.
3.1. - Les dŽlits d'expression d'opinion
Un souci permanent dans la conduite des opŽrations en RPC est de ne
pas enfreindre les multiples normes limitant la libertŽ d'expression, par
exemple dans les communications commerciales et en particulier sur l'internet.[42]
Certes, ds son adoption en 1982, la constitution chinoise a
consacrŽ en son article 35 les libertŽs de parole, de publication, d'assemblŽe,
d'association, et de manifestation. Mais, par ailleurs, l'exercice de ces
libertŽs est encadrŽ par une multitude de dispositions lŽgislatives et
rŽglementaires dont les objets communs consistent ˆ protŽger l'indŽpendance
nationale et la suprŽmatie du Parti Communiste Chinois.[43]
Ainsi, l'article 105 de la Loi pŽnale interdit la propagation de rumeurs
et de propos diffamatoires ainsi que tout autre activitŽ destinŽe ˆ inciter ˆ
la subversion du rŽgime national or le renversement du systme socialiste. Les
contrevenants s'exposent ˆ des peines de prison susceptibles d'atteindre cinq
ans. L'article 225 de la Loi pŽnale qui interdit les activitŽs portant une
atteinte sŽrieuse ˆ l'ordre du marchŽ a servi de fondement pour
sanctionner l'importation et la vente sans autorisation de bibles par les
ChrŽtiens des Žglises clandestines.
Les contenus des sites web chinois sont rŽgis par les Measures for Managing
Internet Content Provisions.[44] Selon leur article 15, dans les
cas graves, les opŽrateurs de sites web peuvent tre sanctionnŽs pŽnalement
pour avoir affichŽ des informations
- qui sont contraires aux principes
fondamentaux de la Constitution,
- qui menacent la sŽcuritŽ nationale,
divulgue des secrets d'Etat, qui portent atteinte au Gouvernement, ou qui
sapent l'unitŽ nationale,
- qui portent atteinte ˆ l'honneur ou
aux intŽrts de l'Etat,
- qui incitent ˆ la haine ethnique ou
ˆ la discrimination ethnique, ou qui mine l'unitŽ nationale,
- qui sabotent la politique de l'Etat
envers la religion ou qui prchent les idŽes des cultes nŽfastes ou des
croyances fŽodales ou superstitieuses,
- qui propagent des rumeurs,
dŽrangent l'ordre social ou la stabilitŽ sociale,
- qui sont pornographiques ou
obscnes, qui promeuvent le jeu, la violence ou qui incitent ˆ la commission de
crimes, ou
- qui insultent ou calomnient autrui
ou qui violent leurs droits et intŽrts lŽgitimes.
La libertŽ d'expression est aussi
restreinte au nom de la protection des secrets d'Etat dont la divulgation est
interdite par les articles 111 et 282 de la Loi pŽnale. La loi concernant la
protection des secrets d'Etats et ses rglements d'application investissent les
autoritŽs administratives du pouvoir discrŽtionnaire de dŽfinir quelles
informations correspondent ˆ des secrets d'Etat. La transmission de secrets
d'Etat sur des rŽseaux d'informations est expressŽment interdite.[45]
3.2. - La corruption
La corruption
et les diverses manifestations de trafic d'influence et de prise d'intŽrts
font l'objet de dispositions dans la Loi pŽnale ainsi que dans de nombreuses
autres lois.
Les actes de corruption dans le secteur privŽ autant que ceux
impliquant des agents publics sont sanctionnŽs.
De manire gŽnŽrale, les cibles prioritaires des normes pŽnales
sont les demandeurs d'avantages, dont en particulier les agents de l'Etat au
sens large. En cohŽrence avec cet objectif prioritaire, les demandeurs
d'avantages indus en Žchange de l'exercice inappropriŽ de leurs fonctions sont
sanctionnŽs plus lourdement que ceux qui fournissent les avantages, dont les
actes accomplis sous extorsion Žchappent ˆ la pŽnalisation ˆ condition qu'aucun
avantage n'ait ŽtŽ reu et qui peuvent sinon obtenir de fortes rŽductions de
peines voire tre exemptŽs de poursuites pŽnales en faisant des aveux avant le
dŽclenchement des poursuites ou en dŽnonant les agents publics indŽlicats.
L'article 163 de la Loi pŽnale interdit au personnel d'entreprises
de demander des biens ou d'en accepter en Žchange d'avantages consentis dans
l'exercice de leurs fonctions.
L'offre de
biens au personnel d'une entreprise pour obtenir des avantages est puni sous
l'article 164 quand les montants en cause sont Ç relativement
importants È.
Les
administrateurs et dirigeants des entreprises d'Etat qui abusent de leurs
fonctions pour entreprendre pour leur compte personnel et ˆ une Žchelle
importante des activitŽs similaires ˆ celles de leurs entreprises enfreignent
l'article 165 de la Loi pŽnale.
Les membres du personnel des entreprises et institutions d'Etat ne
doivent pas abuser de leurs fonctions avec pour consŽquence de porter une
atteinte sŽrieuse aux intŽrts de l'Etat.
Les personnes directement responsables des entreprises ou
institutions d'Etat qui par leur irresponsabilitŽ sŽrieuse dans la conclusion
et la mise en Ïuvre de contrats leur causent un prŽjudice important sont
passibles de poursuites sous l'article 167 de la Loi pŽnale.
Les articles 168 et 169 de la Loi pŽnale prŽvoient des sanctions
lorsque le favoritisme entra”nent une entreprise en faillite ou lui causent des
pertes sŽrieuses, ou causent des prŽjudices graves aux intŽrts de l'Etat.
L'article 382 de la Loi pŽnale interdit aux personnels de l'Etat
(guojia gongzuo renyuan) d'abuser de leurs fonctions pour s'approprier les
biens de l'Etat. L'article 384 proscrit leurs abus de fonctions pour dŽtourner
des fonds publics ˆ leurs fins personnelles. L'article 385 de la Loi leur
interdit d'offrir ou d'accepter de monnayer leurs fonctions en rŽservant les
sanctions les plus sŽvres aux demandeurs des paiements. Les soudoyeurs des
agents publics peuvent tre poursuivis sous l'article 389 de la Loi. Les unitŽs
peuvent tre poursuivies pour corruption.
De nombreuses lois prŽvoient l'application de sanctions pŽnales aux
abus de leurs pouvoirs par les personnes ayant la charge de la rŽgulation des
activitŽs Žconomiques. Il en est ainsi de Loi relative aux prix,[46] de celle relative ˆ la publicitŽ,[47] et de celles affŽrant aux services
commerciaux.[48]
La loi relative
ˆ la lutte contre la concurrence dŽloyale prŽvoit des sanctions pŽnales en cas
d'incident grave de corruption.
Le rglement
provisoire de la State Administration of Industry and Commerce (SAIC) pour
combattre la corruption dans le secteur privŽ interdit le recours ˆ la
corruption pour assurer l'achat ou la vente de produits. La dŽfinition de
corruption comprend le transfert de tout Ç bien ou autre moyen È,
dont l'argent et les objets matŽriels. Le dŽguisement de la corruption en
commissions ou frais de promotion, de publicitŽ, de recherche, de conseils, etc.,
ainsi que l'offre de Ç sŽjours en Chine ou ˆ l'Žtranger È est spŽcifiquement interdit. Les actes
de corruption qui ne sont pas expressŽment prŽvus par le Rglement sont
nŽanmoins passibles dans les cas graves de poursuites pŽnales.
L'article 8 interdit les cadeaux d'affaires au-delˆ de valeurs
modestes et en conformitŽ avec les usages commerciaux gŽnŽraux.
Les commissions et les ristournes doivent tre enregistrŽes comme
tel dans la comptabilitŽ au risque sinon d'tre prŽsumŽes comme correspondant ˆ
des moyens de corruption.
Si, au cours de ses investigations, la SAIC constate qu'une
infraction au Rglement ayant un caractre pŽnal a ŽtŽ commise par tout
individu ou personne morale, elle en informe le procuratorat.
3.3. - Le blanchiment d'argent
La toute rŽcente
Loi relative au blanchiment d'argent Žtend la notion de blanchiment en ajoutant
des nouvelles infractions principales dont les utilisations des fruits sont
susceptibles d'tre qualifiŽs en blanchiment.
Selon l'article
191 de la pŽnale, la qualification de Ç blanchi È est rŽservŽe aux
fonds provenant d'organisations mafieuses, de trafics de stupŽfiants et de
contrebande et elle est indiquŽe par exemple dans les cas :
- de fourniture de comptes,
- d'assistance pour la transformation
d'argent et de biens en numŽraire ou en instruments financiers,
- d'assistance pour le transfert de
fonds par la cession de comptes ou autres mŽthodes de rglement de comptes,
- d'assistance pour la remise de
fonds ˆ l'Žtranger ou pour les occulter ou les faire sauvegarder ou pour
occulter par tous moyens les fruits de crimes et de dŽlits ou leurs natures ou
leurs sources.
Ë partir du premier fŽvrier 2007,
la nouvelle loi pour lutter contre le blanchiment d'argent entrera en vigueur
en ajoutant ˆ la liste des infractions principales prŽvues par la Loi pŽnale la
corruption, les atteintes ˆ l'administration de l'ordre financier, les fraudes
financires et infractions similaires ainsi que l'acceptation de tout bŽnŽfice
ayant comme source ou comme caractre une activitŽ de blanchiment d'argent.
La Loi vise les institutions
financires Žtablies sur le territoire de la RPC ainsi que les organisations
non-financires obligŽes par la loi ˆ assumer des responsabilitŽs dans la lutte
contre le blanchiment d'argent.
L'anonymat et la confidentialitŽ
sont garanties ˆ toute unitŽ et ˆ toute personne qui dŽcouvrent et dŽnoncent
des activitŽs de blanchiment d'argent.
Les institutions visŽes par la Loi
contre le blanchiment d'argent doivent adopter des mesures de prŽvention et de
contr™le et Žtablir des systmes fiables de contr™le des pices d'identitŽ de
leurs clients, de leurs documents personnels et de sauvegarde des
enregistrements de leurs Žchanges.[49]
Le dŽpartement administratif sous
le Conseil d'Etat pour la lutte contre le blanchiment d'argent sera responsable
au plan national pour le travail de lutte contre le blanchiment d'argent et les
dŽpartements sous le Conseil d'Etat ayant des responsabilitŽs pour
l'administration et le contr™le du secteur financier y participent. Ensemble,
ils mettent en Ïuvre les politiques adoptŽes. Il sera crŽŽ un centre
d'informations pour la lutte contre le blanchiment d'argent sous l'Žgide de
l'organe sous le Conseil d'Etat chargŽ de la lutte contre le blanchiment
d'argent qui se chargera de la rŽception et du traitement des rapports
concernant les opŽrations de grande valeur ainsi que de celles qui sont
douteuses.
Les informations recueillies en
exŽcution des obligations en matire de lutte contre le blanchiment d'argent
bŽnŽficient du respect de leur confidentialitŽ et les institutions ne peuvent
les utiliser ˆ tout autre fin. Les institutions et les membres de leur
personnel qui soumettent des rapports concernant les opŽrations de grande
valeur et sur celles qui sont douteuses sont exemptŽes de toutes poursuites ˆ
cause de ces divulgations.
Les services de lutte contre le
blanchiment d'argent ˆ obtenir des informations de tout dŽpartement ou organe
de l'Etat. Les dŽpartements et organes responsables de l'administration de la
lutte contre le blanchiment d'argent qui dŽcouvrent des activitŽs suspectŽes de
constituer de telles infractions doivent immŽdiatement faire des rapports aux
organes d'investigation. Quand les services douaniers dŽclent des transports
d'argent en espces ou Žquivalent au-delˆ des limites autorisŽes, les services
responsables de la lutte contre le blanchiment sont prŽvenus.
Les institutions financires ne
doivent pas fournir des services aux clients ne produisant pas des pices
d'identitŽ claires ni entreprendre avec elles des opŽrations et elles ne
doivent pas ouvrir des comptes secrets ou portant des faux noms.
Lorsque les institutions
financires dŽcouvrent que des opŽrations isolŽes ou en deˆ du seuil
rŽglementaire opŽrations sont douteuses, elles doivent immŽdiatement faire un rapport
au bureau central de lutte contre le blanchiment d'argent.
Lorsque le dŽpartement auprs du
Conseil d'Etat responsable de la lutte contre le blanchiment d'argent et les
institutions dŽlŽguŽes de premier rang dŽcouvrent des activitŽs d'opŽrations douteuses,
ils ont la facultŽ d'effectuer des recherches auprs des institutions
financires et ces dernires doivent coopŽrer et le cas ŽchŽant fournir les
documents et ŽlŽments concernŽs.
En vertu de l'article 28 de la Loi,
le dŽpartement auprs du Conseil d'Etat chargŽ de la lutte contre le
blanchiment d'argent reprŽsente le gouvernement de la Chine vis-ˆ-vis des
gouvernements Žtrangers et auprs des organisations internationales
compŽtentes.
En cas de
violation des dispositions de la Loi constituant une infraction pŽnale, des
poursuites sont initiŽes.
Selon l'article 32 de la Loi,
en cas d'infractions graves ˆ leurs obligations imposŽes par la Loi sur le
blanchiment impliquant une somme au moins Žgale ˆ RMB 200.000, les institutions
coupables seront passibles d'amendes administratives ne dŽpassant pas RMB
500.000 et les administrateurs directement responsables et les dirigeants et
autres personnes exerant directement des responsabilitŽs subiront des
sanctions disciplinaires.
Quand le manquement aux obligations ont pour consŽquence qu'un
blanchiment d'argent a lieu, elles sont passibles d'amendes administratives
d'au moins RMB 50.000 et ne dŽpassant pas RMB 5.000.000. Lorsque les
circonstances sont graves, le dŽpartement d'administration de la lutte contre
le blanchiment d'argent peut proposer au dŽpartement compŽtent de
l'administration et du contr™le en matire financire d'ordonner la suspension
d'activitŽ des institutions coupables en attendant la rectification ou rŽvoquer
leur licence d'exploitation. Les administrateurs directement responsables et
les dirigeants et autres personnes exerant directement des responsabilitŽs
seront condamnŽes ˆ des amendes d'au moins RMB 50.000 et ne dŽpassant pas RMB
500.000, et leurs qualifications professionnelles peuvent tres suspendus ou
rŽvoquŽes.
La nouvelle Loi relative ˆ la lutte contre le blanchiment d'argent
renforce ˆ de nombreux Žgards des dispositions promulguŽes le 23 janvier 2003
qui mettaient dŽjˆ le systme financier au service de la lutte contre le
blanchiment d'argent et dont les dispositions complŽtant la nouvelle Loi
restent en vigueur. Ainsi, les Rgles obligent les
institutions financires et les membres de leur personnel ˆ agir diligemment et
de procŽder avec prudence en cas de transactions douteuses. Les
succursales ˆ l'Žtranger d'institutions financires chinoises doivent prter
leur concours aux autoritŽs douanires, fiscales, policires et judicaires
locales dans le cadre de l'investigation ou de la rŽpression de faits de
blanchiment d'argent.
Le 15
novembre 2006, la People's Bank of China (PBOC) banque centrale de la RPC, a
annoncŽ des nouvelles rgles applicables aux institutions finacires pour
lutter contre le blanchiment d'argent et la criminalaitŽ dans les affaires.
Elles seront mises en application au cours du premier trimestre de 2007.
DŽsormais
tout dŽp™t de plus de RMB 200.000 au cours d'une seule journŽe, et tout retrait
de devises d'un montant de $10.000 en une journŽe doivent faire l'objet d'une
dŽclaration auprs de la PBOC.
Les virements en une journŽe entre entreprises dŽpassnat RMB 2
millions ou entre une entreprise et un individu de plus de RMB 500.000 doivent
tre dŽclarŽs (les paiements impliquant les forces armŽes ou le Parti
Communiste sont exemptŽs).
3.4. - Les atteintes ˆ l'ordre des sociŽtŽs et des entreprises
Il est interdit d'utiliser des faux certificats et autres moyens
pour tromper les autoritŽs chargŽes de l'immatriculation des entreprises.
Les promoteurs d'une sociŽtŽ qui ne versent pas les contributions
qu'ils ont souscrites ou les retirent abusivement aprs l'immatriculation
encourent des sanctions pŽnales.
La fraude dans les documents d'un appel public ˆ l'Žpargne est
pŽnalement rŽprŽhensible ds lors qu'elle implique des sommes importantes ou qu'elle
entra”ne des consŽquences graves ou d'une nature sŽrieuse.
Dans le cadre de la liquidation d'une entreprise, les personnes qui
occultent des actifs ou inscrivent des fausses Žcritures dans ses comptes ou
qui distribuent ses actifs avant d'avoir rŽglŽ ses dettes causant un prŽjudice
sŽrieux commettent une infraction pŽnale.
La Loi sur les sociŽtŽs stipule que toute sociŽtŽ qui enfreint ses
dispositions en commettant une infraction pŽnale engage sa responsabilitŽ. Une
disposition similaire est incluse dans la Loi relative aux valeurs mobilires.
La Loi sur les sociŽtŽs interdit d'entreprendre des activitŽs sous
guise d'une sociŽtŽ sans qu'elle n'ait ŽtŽ immatriculŽe.
L'article 199 interdit l'obtention de l'immatriculation d'une
sociŽtŽ par la surestimation de son capital, par la communication de fausses
informations ou par l'utilisation de moyens frauduleux pour occulter des faits
importants.
L'article 202 sanctionne la tenue de plus d'une sŽrie de livres
comptables et l'article 203 la prŽsentation d'informations fausses aux
autoritŽs compŽtentes.
Les sociŽtŽs commettent des infractions pŽnales dans les cas graves
d'omission de passer des annonces publiques de leurs fusions, scissions,
rŽductions de capital ou liquidation.
Dans le cadre de la liquidation des entreprises, il est interdit
d'entreprendre des activitŽs qui ne servent pas ˆ la liquidation et les
liquidateurs ne doivent ni abuser de leurs fonctions pour s'attirer des
avantages ni en faire bŽnŽficier leurs proches.
L'article 213 de la Loi sur les sociŽtŽs interdit aux entreprises
Žtrangres de s'Žtablir illicitement sur le territoire.
3.5. - Les atteintes ˆ l'ordre de l'administration financire
Il est interdit d'Žtablir une banque commerciale ou autre
institution financire sans la permission de la PBOC ainsi que d'utiliser des
fausses licences pour entreprendre ces activitŽs.
L'article 176
proscrit l'acceptation illŽgale ou dŽguisŽe de dŽp™ts portant atteinte ˆ
l'ordre financier.
Les articles
177 et 178 sanctionnent l'altŽration et la crŽation frauduleuses d'effets de
commerce, de bons du TrŽsor, de chques de banque et chques, de certificats de
dŽp™t, de lettres de crŽdit, de cartes de crŽdit, de documents d'autorisation
de paiement et d'encaissement.
L'Žmission
d'actions ou d'obligations pour une valeur importante sans l'autorisation des
dŽpartements compŽtents est rŽprimŽe par l'article 179 de la Loi pŽnale.
Les dŽlits
d'initiŽs sont dŽfinis ˆ l'article 180 de la Loi pŽnale. Ceux qui possdent des
informations non-publiques (neimu xinxi) susceptibles d'avoir un effet
significatif sur les cours de valeurs cotŽes en bourse ou qui obtiennent
illŽgalement de telles informations ne doivent avant leur divulgation au public
ni Žchanger les valeurs concernŽes ni rŽvŽler les informations en vue de faire
des Žchanges des valeurs concernŽes.
La
dissŽmination de fausses informations qui affectent les marchŽs et entra”nent
des consŽquences sŽrieuses est rŽprimŽe par l'article 181.
L'article 182
interdit les manipulations des cours pour obtenir des profits illŽgitimes ou
pour transfŽrer les risques des opŽrations.
La Loi sur les valeurs mobilires concerne spŽcialement les appels
publics ˆ l'Žpargne et les activitŽs des sociŽtŽs d'investissement et autres
professionnels. Les sociŽtŽs d'investissement doivent obtenir les approbations
des autoritŽs compŽtentes avant de commencer leurs activitŽs et elles sont
soumises ˆ des sanctions en cas de fraude, de concurrence dŽloyale ou de
violation des rgles affŽrant aux appels publics ˆ l'Žpargne.
L'article 193 de la Loi interdit aux Žmetteurs, aux actionnaires
ayant le contr™le de leurs sociŽtŽs, aux sociŽtŽs cotŽes en bourse et ˆ tout
autre personne dont la responsabilitŽ est engagŽe par les contenus des
documents affŽrant aux appels publics ˆ l'Žpargne ainsi que ceux des rapports
aux autoritŽs d'omettre d'y divulguer des informations importantes ou d'y
dŽclarer des informations fausses. Les administrateurs, membres des conseils de
surveillance, et actionnaires dŽtenant plus de 5% des actions d'une sociŽtŽ
cotŽe en bourse ne doivent pas acheter ou vendre leurs actions en violation des
dŽlais lŽgaux.[50]
Les comptes pour les Žchanges de valeurs mobilires ne doivent pas
tre ouverts pour des prte-noms.
Les valeurs mobilires ne doivent pas tre ŽchangŽes pendant les
pŽriodes d'interdiction.
Les actionnaires possŽdant le contr™le de leurs sociŽtŽs ne doivent
pas profiter de l'acquisition d'une sociŽtŽ cotŽe en bourse pour porter
atteinte ˆ la sociŽtŽ acquise ou ˆ ses actionnaires.
Les sociŽtŽs d'investissement ne doivent pas fournir des
financements illŽgaux pour soutenir des Žchanges de valeurs mobilires.
Les membres du personnel des banques et
autres institutions financires ne doivent pas abuser de leurs fonctions
pour obtenir de l'argent ou des biens ni dŽtourner leurs fonds ni accorder des
prts ˆ des personnes qui leur sont liŽes ou favoriser indžment certains
emprunteurs. Leurs violations des instructions d'Žmission de crŽdits
documentaires ou de lettres de garantie, de certificats de dŽp™t les exposent ˆ
des poursuites.
Les entreprises et institutions de l'Etat sont spŽcifiquement
visŽes par l'article 190 de la Loi pŽnale. Elles encourent des sanctions
pŽnales si les circonstances sont sŽrieuses lorsqu'en violation des
dispositions rŽglementaires de l'Etat concernant les devises, elles en placent
ˆ l'Žtranger sans autorisation ou en transfrent illŽgalement vers l'Žtranger.
3.6. - Les
fraudes financires
L'utilisation de moyens frauduleux pour rŽunir des fonds pour des
fins illŽgales est passible de sanctions pŽnales quand le montant en cause est
relativement grand.
L'article 193 sanctionne les fraudes aux dŽpens des banques par la
fabrication de fausses raisons pour importer des fonds ou des projets et par la
production de faux contrats Žconomiques ou de faux titres de propriŽtŽ en tant
que garantie.
Les articles 194, 195 et 197 interdisent les fraudes par faux en
Žcriture, les fraudes par crŽdits documentaires, effets de commerce ou chques
falsifiŽs, altŽrŽs ou annulŽs, ainsi que par Žmission de chques sans
provision.
Sont Žgalement rŽprimŽes pŽnalement en cas d'incident grave les
fraudes ˆ la carte de crŽdit, ˆ l'assurance et par signature Žlectronique.
3.7. - Les atteintes ˆ la collecte et ˆ l'administration des
imp™ts
L'article 201
punit ceux qui tiennent des livres comptables faux ou altŽrŽs, qui les
occultent ou les dŽtruisent, qui dŽduisent des fausses dŽpenses, qui dŽposent
des fausses dŽclarations fiscales, omettent de dŽclarer des revenus ou de payer
les imp™ts, ou qui pratiquent l'Žvasion fiscale.
Les articles
204 et 205 interdisent les fausses dŽclarations d'exportation ou documents y
affŽrant et tout autre fraude pour obtenir des remboursements indus de taxes.
D'autres
articles sanctionnent les fausses dŽclarations fiscales et les ventes de
factures pour obtenir frauduleusement des remboursements de la taxe sur la
valeur ajoutŽe.
3.8. - Les atteintes aux droits de la propriŽtŽ intellectuelle
L'utilisation
d'une marque sans l'autorisation de son titulaire sur les mmes marchandises
que celles enregistrŽes est rŽprimŽe, quand les circonstances sont graves, par
l'article 213 de la Loi pŽnale.
L'article 214
sanctionne la vente en relativement grand volume de marchandises portant une
marque que l'on sait enregistrŽe au nom d'un tiers.
La reproduction
sans l'autorisation de leur titulaire de marques ou de signes distinctifs est
rŽprimŽe par l'article 215 de la Loi pŽnale.
Les violations
de brevets sont visŽes par l'article 216 de la Loi PŽnale.
S'agissant du
savoir-faire industriel et commercial, la Loi pŽnale interdit
- son obtention par vol, promesse
d'avantage ou menace, ou autre moyen inappropriŽ, ainsi que son exploitation ou
divulgation ultŽrieures, ainsi que
- sa divulgation contrairement ˆ un
engagement contractuel.
Il est interdit
d'acheter, de vendre ou d'utiliser tout savoir faire sachant qu'il a ŽtŽ obtenu
par ces moyens proscrits.
L'article 217
sanctionne les violations des droits d'auteur pour rŽaliser des profits
relativement importants et celles perpŽtrŽes dans des circonstances sŽrieuses.
Sans autorisation des titulaires des droits, il est interdit de copier et de
distribuer leurs Ïuvres Žcrites, musicales, cinŽmatographiques, tŽlŽvisuelles
et audiovisuelles, ainsi que leurs logiciels et autres Ïuvres. La Loi interdit
aussi l'Ždition d'ouvrages sans avoir obtenu les droits d'auteur, la
reproduction et la distribution d'Ïuvres cinŽmatographiques sans l'autorisation
du producteur, et la vente d'Ïuvres d'art portant des fausses signatures. Il
est interdit de contourner sans l'autorisation des titulaires de droits les
mesures techniques mises en place pour protŽger leurs droits affŽrents ˆ des
reproductions audio et vidŽo.
Dans les cas
graves, les violations de droits d'auteur sont passibles de sanctions pŽnales.
Les gains rŽalisŽs par des
concessionnaires de droits en outrepassant les limites de leurs attributions
sont considŽrŽs comme illicites.
3.9. - Les produits frauduleux ou de mauvaise qualitŽ
Il est interdit d'Ždulcorer les produits, de les prŽsenter comme
authentiques alors qu'ils sont faux, ou comme Žtant d'une qualitŽ non-avŽrŽe ou
comme Žtant agrŽŽs quand ils ne le sont pas.
Dans le cas de produits potentiellement dangereux pour la santŽ
humaine, les manquements aux normes entra”nant des consŽquences graves sont
susceptibles de poursuites pŽnales.[51]
Un exemple d'une autre source prŽvoyant des sanctions pŽnales pour
les infractions survenant en relation avec la vente de produits est la Loi sur
la qualitŽ des Produits[52] dont le Chapitre 5 dŽfinit une
dizaine d'infractions susceptibles de poursuites pŽnales en cas d'incident
grave dont la plupart figurent dŽjˆ dans la Loi pŽnale mais dont certaines
viennent complŽter ses dispositions en interdisant par exemple la vente de
produits non conformes aux normes imposŽes par l'Etat ou par les instances
industrielles pour protŽger la santŽ humaine et la sŽcuritŽ physique.
3.10. - La contrebande
La contrebande de certains articles est soumise ˆ des rŽpressions
spŽcialement sŽvres : celles des armes, des munitions, des matŽriaux
nuclŽaires, de la fausse monnaie, des articles pornographiques. Il est interdit
d'exporter les mŽtaux prŽcieux et les animaux et plantes rares.
L'article 154 de la Loi pŽnale sanctionne la vente de marchandises
importŽes sous douanes ou ˆ droits de douanes rŽduits avant d'avoir acquittŽ
les taxes et imp™ts dus.
L'importation occulte de dŽchets solides est pŽnalement
rŽprŽhensible.
L'achat et le transport de produits proscrits par l'Etat en
relation avec des contrebandiers sont assimilŽs ˆ la contrebande, tout comme le
sont l'achat et le transport ˆ grande Žchelle d'autres produits de la
contrebande.
Le soutien aux contrebandiers par l'octroi de prts, de fonds, de
comptes, de factures, ou de moyens de transport, de sauvegarde et de
transmission postale est sanctionnŽ en tant qu'activitŽ de contrebande.
Le chapitre 10 de la Loi relative au commerce Žtranger prŽvoit la
possibilitŽ de poursuites pŽnales en cas d'importation ou d'exportation de
produits, de services ou de technologies prohibŽs ou sujets ˆ restrictions mais
sans avoir obtenu les autorisations appropriŽes. Des poursuites pŽnales sont
susceptibles d'tre initiŽes en cas d'incidents graves impliquant l'utilisation
de marques falsifiŽes ou la distorsion des marques de produits importŽs ou
exportŽs ou de certificats d'origine ou de contingentements ˆ l'importation ou
ˆ l'exportation ou de tout autre certificat utilisŽ dans les importations et
les exportations.
3.11. - Les activitŽs Žconomiques illicites portant atteinte ˆ
l'ordre du marchŽ
Les activitŽs Žconomiques illicites susceptibles de porter atteinte
ˆ l'ordre du marchŽ incluent l'extorsion, l'atteinte ˆ la rŽputation
commerciale, la publicitŽ mensongre,[53] la collusion entre les
participants ˆ des appels d'offres, les appropriations frauduleuses sous guise
de contrat,[54] les violations de monopoles lŽgaux
et la contrebande de documents administratifs, les cessions et les
exploitations abusives de droits d'exploitation de terrain,[55] l'Žmission de faux certificats par
les experts comptables, judiciaires et agrŽŽs et les fraudes au contr™le des
marchandises en douane.
4. - Conclusion
Au-delˆ du manque d'indŽpendance
des juridictions et de l'insuffisance des droits de la dŽfense, les reproches
faits au droit pŽnal chinois en matire Žconomique concernent surtout
l'inefficacitŽ de son application. En effet, la gamme des infractions
Žconomiques couvre l'essentiel des situations comparables criminalisŽes dans
les droits des autres grands pays. La Chine annonce en tout cas son intention
de se hisser au niveau des pratiques les plus performantes sur le plan
international, y compris dans la gouvernance des entreprises.
S'agissant de l'exposition des
entreprises Žtrangres aux risques de la dŽviance dans le monde des affaires en
Chine, il reste ˆ savoir si dans la pratique la coopŽration envisagŽe par les
Conventions entre la Chine et ses partenaires pourra surmonter les diffŽrences
politiques, culturelles et linguistiques.
La police franaise enverra-t-elle
de son propre chef des informations ˆ la police chinoise pour faciliter la
poursuite de compatriotes coupables de corruption en Chine ? Les autoritŽs
chinoises fourniront-elles aux interlocuteurs franais des informations
concernant des infractions de corruption commises par des hauts dignitaires du
Parti Communiste Chinois ou de l'Etat ? Quand des entreprises sises dans les
Etats Parties aux conventions internationales pour combattre la corruption et
le blanchiment d'argent perdent des marchŽs ˆ cause de la corruption des
dŽcideurs chinois par leurs concurrents, pourront-elles obtenir la rŽparation
du prŽjudice devant leurs tribunaux nationaux ?
[1] Avocat au Barreau
de Paris, Barrister & Solicitor (Nova Scotia, Canada), Professeur ˆ la
FacultŽ Libre de Droit d'Economie et de Gestion (Paris).
[2] Selon une Žtude du People's
Court Daily, des 6,2 millions de prŽvenus traduits devant les juridictions
pŽnales de janvier 1998 ˆ octobre 2006, seulement 0,6% ont ŽtŽ relaxŽs,
http://jurist.law.pitt.edu/paperchase/2006/11/china-convicts-nearly-99-percent-of.php.
[3] Les sociŽtŽs Yahoo et Google
auraient dŽnoncŽ des activistes en faveur de la dŽmocratie pour leurs critiques
du rŽgime communiste propagŽs au moyen de leurs pages web. Les dŽnonciations
ont abouti ˆ plusieurs condamnations ˆ des peines d'emprisonnement de longue
durŽe, voir les reportages suivants :
Yahoo 'Strictest' Censor in China, Eli Milchman,
15 juin 2006 :
http://www.wired.com/news/technology/internet/0,71166-0.html
Google
compromised its principles in China, says Brin, Washington AP, 6 juin
2006 :
http://www.siliconvalley.com/mld/siliconvalley/news/editorial/14755368.htm
[4] La China Banking Regulatory
Commission dŽclare avoir poursuivi 724 cas de fraude au cours du premier
semestre de 2006, dont 21% ont portŽ sur des sommes dŽpassant un million de
renminbis. Amy Gu, Regulator fines
Changsha bank executives, South China Morning Post, le 9 novembre 2006.
[5] OCDE, Governance
in China, Paris, 2005, p. 107, citant Pei, Minxin, The Long March against
Graft, Financial Times, 10 dŽcembre 2002. Dans le Rapport de la Banque Mondiale
Doing Business in 2006, et sur la qualitŽ de la gouvernance des entreprises la
RPC a obtenu un score ˆ la moitiŽ du niveau de Hong Kong et des Etats-Unis,
tout en se comparant favorablement au Mexique.
[6] OECD, Governance in China,
Paris, 2005, p. 107.
[7] La France, les Etats-Unis et le
Canada occupent respectivement les 18ime, 17ime et 14ime rangs.
Transparency International estime le niveau de corruption en fonction d'avis
d'experts et de sondages d'opinion,
http://www.transparency.org/policy_research/surveys_indices/cpi/2005.
[8] Selon des estimations du Fonds
MonŽtaire International, citant People's Daily, 9 juillet 2004. En 2003, 2.6
millions opŽrations douteuses et opŽrations de montants importants ont ŽtŽ
dŽclarŽes pour une valeur de $ 600 milliards, China Daily, 24 juillet 2004,
citŽ dans OECD, Governance in China, Paris, 2005, p. 128.
[9] Entre 1993 et 1997, le
procuratorat a ouvert 387.352 dossiers ayant la corruption pour fondement dans
lesquels Žtaient impliquŽs 54.805 cadres (dont 16.117 fonctionnaires du Parti
ou du gouvernement, 17.214 appartenant ˆ la branche judiciaire, 8.144 ˆ la
police, et 13.330 agents engagŽs dans l'administration Žconomique), OECD,
Governance in China, Paris, 2005, p. 107, citant Zhang Siqing, Zuigao renmin
jianchayuan gongzuo baogao, People's Daily, 2 mars 1998.
[10] L'OCDE conclut dans son rapport
sur la Governance in China, Paris, Paris, 2005, p. 26 : Ç The main
challenge concerning the regulatory framework is that of application and
enforcement . . . the application of laws and regulations is not always
systematic, sometimes biased by corrupt arrangements or reflecting the local
balance of interests È. Voir aussi Daniel Laprs, La gouvernance des
entreprises en Chine, ConfŽrence "NŽgociation et processus d'affaires en
Chine et en Asie" organisŽe par IRSAM et ERUDIT, ˆ l'UNESCO, Paris, 24 mars
2006, texte intŽgral au http://www.lapres.net/cngouv.html.
[11] OECD, Governance in China,
Paris, 2005, p. 114.
[12] OECD, Etudes Žconomiques,
Chine, Paris, septembre 2005, p. 9.
[13] OECD, Governance in China,
Paris, 2005, p. 114.
[14] Le revenu mensuel moyen d'un
chinois correspond ˆ RMB 848, OECD, Chines, Etudes Žconomiques, Paris, 2006, p.
9.
[15] Pour mettre ce chiffre en
perspective, il est rappelŽ que le capital minimum d'une sociŽtŽ ˆ
responsabilitŽ limitŽe en Chine correspond ˆ RMB 30.000, article 26 de la Loi
relative aux sociŽtŽs.
[16] En 2003, il s'est agi de 600
des 8.400 personnes recherchŽes, OECD, Governance in China, Paris, 2005, p.
113.
[17] En avril 2005, la Chine a
souscrit le Plan d'action anti-corruption pour la zone Asie-Pacifique promu par
l'OCDE et la Banque de DŽveloppement Asiatique, OCDE, Governance in China,
Paris, 2005, p. 119.
[18] La France, 29ime
Etat ˆ ratifier la Convention, est le premier membre du G8 ˆ devenir partie ˆ
ce texte et le deuxime pays de l'Union europŽenne. 140 Etats ont signŽ la
Convention et 68 l'ont ratifiŽe ou y ont accŽdŽ.
[19] La Loi pŽnale a ŽtŽ adoptŽe par
la deuxime rŽunion de la cinquime APN le premier juillet 1979 et amendŽe par
la cinquime rŽunion du huitime APN le 14 mars 1997.
[20] Selon le quatrime amendement
de la Constitution adoptŽe le 14 mars 2004, approuvŽ par la Deuxime RŽunion de
la 10ime APN, l'article 33 prŽvoit dŽsormais que Ç L'Etat
respecte et sauvegarde les droits de l'homme È. L'article 28 prŽvoit que
Ç l'Etat maintient l'ordre public et rŽprime les actes de trahison et les
insfractison contre-rŽvolutionnaires È.
criminals".L'article
37 consacre la libertŽ des personnes, et l'article 39 protge leurs domiciles.
L'article 40 protge la libertŽ de correspondance privŽe et l'article 41 le
droit de critiquer l'Etat et ses fonctionnaires.
[21] Par exemple, en juin 2003 la
Cour Populaire Suprme a adoptŽ un code dŽontologique pour les juges.
[22] La Loi a ŽtŽ adoptŽe par la
septime rŽunion du ComitŽ Permanent de l'APN le 12 mai 1994 et elle a ŽtŽ
rŽvisŽe le 6 avril 2004 par la septime rŽunion de la huitime APN avec effet
au premier juillet 2004.
[23] La loi relative aux sociŽtŽs a
ŽtŽ adoptŽe ˆ la cinquime rŽunion du ComitŽ Permanent de la huitime APN le 29
dŽcembre 1993, elle a ŽtŽ promulguŽe le 29 dŽcembre 1993 et est entrŽe en
vigueur le premier juillet 1994. Elle a ŽtŽ rŽvisŽe par dŽcision de la 18ime
RŽunion du ComitŽ Permanent de la 10ime APN le 27 octobre 2005 avec
effet au premier janvier 2006.
[24] La relative aux valeurs
mobilires a ŽtŽ adoptŽe par la sixime rŽunion du ComitŽ Permanent de la
neuvime APN le 29 dŽcembre 1998, elle a ŽtŽ promulguŽe le mme jour et est
entrŽe en vigueur le premier juillet 1999. Elle a ŽtŽ rŽvisŽe par la 18ime
rŽunion du ComitŽ Permanent de la 10ime APN le 27 octobre 2005,
elle a ŽtŽ promulguŽe le mme jour et est entrŽe en vigueur le premier janvier
2006.
[25] La loi relative ˆ la lutte
contre la concurrence dŽloyale, adoptŽe par la troisime rŽunion du ComitŽ
Permanent de la huitime APN le 2 septembre 1993 et promulguŽe le mme jour qui
est entrŽe en vigueur le premier dŽcembre 1993.
[26] La Loi a ŽtŽ adoptŽe ˆ la
24ime rŽunion du ComitŽ Permanant de la 10ime session de l'APN le 31 octobre
2006 qui entrera en vigueur le premier janvier 2007.
[27] Rglement N¡ 60 qui a ŽtŽ
adoptŽ le 15 novembre 1996 est entrŽ en vigueur le mme jour.
[28] L'OCDE recense ˆ travers le
pays plus de 1.000 unitŽs vouŽes ˆ la lutte contre la corruption, Governance in
China, Paris, 2005, p. 125.
[29] Articles 62 et 63 de la
Constitution adoptŽe ˆ la cinquime RŽunion de la cinquime AssemblŽe Populaire
Nationale (APN) qui a ŽtŽ promulguŽe le 4 dŽcembre 1982 et amendŽe par la
premire rŽunion de la septime APN du 12 avril 1988, ensuite par la premire
rŽunion de la huitime APN le 29 mars 1993, encore par la deuxime rŽunion de
la neuvime APN le 15 mars 1999 March 15, 1999, et enfin par la deuxime
rŽunion de la dixime APN le 14 mars 2004.
[30] Article 67 de la Constitution.
Les procuratorats et les tribunaux exerant aux Žchelons infŽrieurs sont rŽgis
dans des conditions similaires par les assemblŽes populaires au mme niveau ˆ
partir des contŽs et arrondissements, article 101 de la Constitution
[31] OECD, Governance in China,
Paris, 2005, p. 114.
[32] Le droit chinois englobe les
infractions sous une dŽsignation Ç fan zui È, sans les distinguer en
Ç crimes È ou Ç dŽlits È.
[33] La loi a ŽtŽ adoptŽe par la
deuxime rŽunion de la cinquime APN le premier juillet 1979 et a ŽtŽ
promulguŽe le 7 juillet 1979 et est entrŽe en vigueur le premier janvier 1980.
La loi a ŽtŽ amendŽe par la DŽcision d'amender la Loi relative ˆ la procŽdure
pŽnale adoptŽe par la quatrime rŽunion de la huitime APN le 17 mars 1996.
[34] Les victimes ont le droit ˆ
rŽparation, mais aucune poursuite du genre n'a encore ŽtŽ recensŽe.
[35] Le contr™le dure de trois mois
ˆ deux ans et il est mis en Ïuvre par les organes de sŽcuritŽ publique.
[36] La dŽtention correctionnelle
est purgŽe dans un centre ˆ proximitŽ du domicile du dŽtenu, et elle dure d'un
ˆ six mois pendant lesquelles le dŽtenu peut rentrer ˆ son domicile deux fois par
mois, articles 42 et 43 de la Loi pŽnale. Le travail n'est pas obligatoire,
mais y participer peut justifier des rŽductions de peine.
[37] Les dŽtenus sont emprisonnŽs de
6 mois ˆ 15 ans dans un centre pŽnitentiaire o ils doivent travailler,
articles 45-47 de la Loi pŽnale.
[38] Les condamnations pour diverses
malversations trs importantes dans le monde des affaires ont abouti ˆ des
peines capitales. La liste des notables ainsi exŽcutŽs comprend : Yan
Jianhong, PrŽsident, Guizhou International Trust Co., Zhang Deyuan, PrŽsident,
Hunan International Trust Co., Chen Ming, Directeur GŽnŽral, Beijing Electric Power Co., Guo Zhiwen,
Directeur GŽnŽral, China Coal Sales Co., Lin Guoti, Directeur, Hunan
Machine-Building Industry Bureau, Xie Heting, PrŽsident, Guangdong Tianlong
Group, Dai Tianmin, PrŽsident, Hunan Branch of Investmnet Bank, Liu Yiqing,
PrŽsident, Hunan Branch of the Industrial & Commercial Bank of China.
[39] La loi pŽnale chinosie prŽvoit
que la peine capitale peut exŽcutŽe immŽdiatement ou son exŽcution peut tre
suspendue pendant deux ans en attendant de constater si la rŽforme accomplie
par le condamnŽ mŽrite une rŽduction de sentence.
[40] Article 31 de la Loi pŽnale. En
parallle avec les rŽgimes de sanctions pŽnales, la Chine applique un systme
de sanctions administratives susceptibles d'aboutir ˆ la dŽtention. Ainsi, le
Ministre de la SŽcuritŽ Publique peut faire mettre les Ç dŽviants È
dans des centres fermŽs pour des durŽes pouvant atteindre d'aprs les textes
lŽgislatifs jusqu'ˆ trois ans, avec prorogation pour an. Ces personnes ne sont
pas poursuivies pour toute infraction pŽnale et ne sont pas prŽsentŽes ˆ la
justice. Il existerait ˆ travers le pays environ 300 centres de rŽŽducation par
le travail o seraient enfermŽes au moins 250.000 personnes, mais le chiffre
atteindrait 1.000.000 selon d'autres sources.
[41] Lectric Law Library,
http://www.lectlaw.com/files/int10.htm.
[42] Dans le cas de Defendant Zhu's
Theft of Important State Secrets, la Cour Populaire Suprme a confirmŽ les
jugements des juridictions infŽrieures qui ont condamnŽ un professeur
d'universitŽ pour avoir divulguŽ des Ç secrets d'Etat È consistant en
les contenus d'examens acadŽmiques. Voir : Congressional Executive
Committe on China, http://www.cecc.gov/pages/newLaws/protectSecretsENG.php.
[43] Pour une liste de ces normes,
voir Congressional Executive Committe on China Congressional Executive Committe
on China, http://www.cecc.gov/pages/newLaws/protectSecretsENG.php.
[44] Les dispositions ont ŽtŽ promulguŽes
le 25 Septembre 2000 par le State Council en tant que Decree No. 292
[45] L'article 13 des Revised
Provisional Regulations Governing the Management of Chinese Computer
Information Networks Connected to International Networks imposent aux
fournisseurs d'accs ˆ l'internet de veiller au maintien de la sŽcuritŽ de
leurs systmes contre les interfŽrences et de ne pas sciemment permettre la
communication d'informations nuisibles ˆ la sŽcuritŽ de l'Etat, ou de celles
impliquŽes dans des infractions pŽnales. Le 25 janvier 2000, le State Secrecy Bureau
a annoncŽ l'adoption des Provisions on Secrecy Management of Computer
Information Systems on the Internet dont l'article 7 laisse entrevoir la
possibilitŽ de poursuites en Chine pour la rŽitŽration sur le territoire
national de secrets d'Etat divulguŽs dans la presse Žtrangre. Son article 8
oblige tous ceux qui entreposent des informations ˆ obtenir une licence des
autoritŽs chargŽes de la sŽcuritŽ,
http://www.usembassy-china.org.cn/sandt/netsecret.htm.
[46] Article 46 de la Loi relative
aux prix qui a ŽtŽ adoptŽe par la 29ime RŽunion du ComitŽ Permanent de la
Huitime APN et qui est entrŽe en vigueur le premier mai 1998.
[47] La loi a ŽtŽ adoptŽe par le
ComitŽ Permanent de la huitime APN le 27 octobre 1994 et est entrŽe en vigueur
le premier fŽvrier 1995.
[48] Par exemple, l'article des
Direct Selling Regulations adoptŽs le 11 aožt 2005 par le Conseil d'Etat.
[49] Article 3 de la Loi pour lutter
contre le blanchiment. L'article 17 impose aux institutions visŽes d'avoir
recours ˆ trois mŽthodes d'identification personnelle de leurs clients.
[50] Le dŽlai minimal correspond ˆ 6
mois d'aprs l'article 47 de la Loi sur les valeurs mobilires.
[51] Articles 143-148 de la Loi
pŽnale. Il s'agit en particulier des mŽdicaments, des appareils et instruments
mŽdicaux, des produits alimentaires, des appareils ŽlectromŽnagers, des
insecticides, des cosmŽtiques, des engrais et des mŽdicaments pour animaux.
[52] Product Quality Law, adoptŽe ˆ
la 30ime rŽunion du ComitŽ Permanent de la septime APN, le 22
fŽvrier 1993, et amendŽe par les Decisions adoptŽes ˆ la 24ime RŽunion du
ComitŽ Permanent du 9ime APN, le 27 octobre 2001.
[53] Article 222 de la Loi pŽnale.
Les agences de publicitŽ, les annonceurs et les supports de publicitŽs
rŽpondent de leurs violations.
[54] Article 224 de la Loi pŽnale.
Les manÏuvres frauduleuses sont commises
- en signant un contrat au nom
d'une entitŽ fictive ou au nom d'une autre personne sans son autorisation,
-
en
utilisant de faux instruments nŽgociables ou certificats de propriŽtŽ en tant
que garantie,
-
en
exŽcutant partiellement un contrat pour induire l'autre partie ˆ continuer son
exŽcution,
- en disparaissant aprs avoir reu des biens ou
des paiements ˆ titre de garantie de l'autre partie.
[55] Ç tudi shiyongquan È,
Ç land use rights È, article 228 de la Loi pŽnale.